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Le cuivre pour lutter contre le mildiou, non merci !
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Gascogne
Le cuivre pour lutter contre le mildiou, non merci !

En Gascogne, de nombreux viticulteurs se passent du cuivre pour lutter contre le mildiou. Ils expliquent ici pourquoi.
Par Hélène de Montaignac Le 22 juin 2022
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 Le cuivre pour lutter contre le mildiou, non merci !
Vigne traitée avec du cuivre. Dans le Gers, les viticulteurs évitent de mettre du cuivre pour lutter contre le mildiou, car si des résidus de cuivre se retrouvent dans les moûts, cela peut réduire le potentiel aromatique des vins à base de colombard et de sauvignon - crédit photo : CHRISTELLE STEF
À

rebours des autres vignerons, les Gascons laissent de côté le cuivre. Pour une raison simple : « sa présence dans les moûts diminue le potentiel aromatique de nos cépages thiolés que sont le colombard et le sauvignon », explique Élodie Gassiolle, responsable R&D chez Plaimont, puissant groupement de coopératives aux 5 300 hectares et 800 adhérents, basé à Saint-Mont, dans le Gers.

À ses adhérents qui travaillent en conventionnel, Plaimont demande de proscrire le cuivre même en début de campagne et de le remplacer par des molécules de synthèse, « par simplicité ». Cette précaution est destinée à se prémunir de tout apport tardif, par erreur avant récolte.

À la cave des Hauts de Montrouge, 1 200 ha et 60 vignerons, à Nogaro, les consignes sont un peu moins strictes : le cuivre n’est officiellement interdit que lors des derniers traitements, en respectant un délai d’au moins quatre semaines avant les vendanges. « On ne doit en aucun cas en retrouver dans les vins. Par ailleurs, si on protège avec du cuivre, il faut passer deux fois plus souvent et là, on aggrave le bilan carbone, ce qui n'est pas cohérent avec une politique de développement durable », argumente Patrick Farbos, le président de la cave.

Traitements échelonnés

Nathalie Floris, propriétaire du domaine Lailhou, 18 ha à Sainte-Christie, n'emploie pas non plus de cuivre contre le mildiou, « surtout par habitude, dit-elle. Et je préfère traiter avec des produits systémiques qui ont une rémanence plus longue, de façon à faire moins de passages ». Pour le choix de ses fongicides, elle s’en remet à Philippe Andrieu, le technicien du distributeur OGR à Ordan-Larroque. Cette année, lors des deux premiers traitements, elle a appliqué du Futura et, au troisième, du Mikal. Elle apportera également du Mikal en T4, Enervin en T5, Momentum Trio en T6 et Aviso DF en T7. « Les doses sont calculées en fonction de la pousse de la vigne. On débute à 30 % de la dose homologuée pour finir à 100 % », précise Philippe Andrieu.

L’est du Gers où est installée Nathalie Floris est plus sec que l’ouest, où se situe l’essentiel de la production des Côtes de Gascogne. Dans cette dernière partie, « le vignoble est vigoureux. Il produit beaucoup de jeunes pousses, particulièrement sensibles au mildiou tout au long du cycle de la culture. De plus, nos clients attendent des rendements de 90 à 120 hl/ha », mentionne le technicien. Alors, la vigilance est de rigueur.

Les principaux produits qu’il fournit sont à base de fosétyl-aluminium, folpel, phosphonates, dithianon, amectotradine et oxathiapiproline. En fin de programme, Philippe Andrieu fournit « de la zoxamide associée au cymoxanil et, quand les conditions sont particulièrement clémentes, des huiles essentielles d’orange douce éventuellement associées à du phosphonate de potassium ».

Dans ses propres vignes, 47 ha à Campagne-d’Armagnac, Patrick Farbos a recours à des antimildious systémiques. « À tout moment, on peut se retrouver sous pression et, en cas d’année pluvieuse, même avec des produits systémiques, il est compliqué de sauver la vigne », pointe-t-il. Sur ses blancs, en cas d'attaque il applique aussi « un Forum après le dernier systémique, puis plus aucun traitement pendant un mois et demi avant la vendange ».

Une "hérésie" pour la vigne

Alain Faget mène quant à lui un combat farouche contre le cuivre. Il n’y va pas par quatre chemins. Pour ce propriétaire du Domaine de Sancet, 15 ha à Saint-Martin-d’Armagnac, « l’usage du cuivre sur la vigne est une hérésie. Au bout de dix ans, vous avez détruit toute la vie microbienne dans les sols ». Il lutte contre le mildiou avec un produit à base de fosétyl Al, à raison de 8 à 10 passages par an. Selon lui, la meilleure façon d’éviter une rupture de protection est de s'en tenir à un ou deux produits différents, pas davantage. « Le fosétyl Al rend la plante plus résistante à la maladie. On en met jusqu’à trois semaines avant la véraison et on termine avec de la zoxamide, un produit de contact contre le mildiou mosaïque. »

Sandrine Nardi est moins véhémente. La technicienne vigne de la cave de Condom, unie à Plaimont et qui compte 1 500 ha et 120 adhérents, regrette « l’incompatibilité entre le cuivre et les blancs de Gascogne, qui ne permet pas de développer notre surface en bio. C’est dommage car certains marchés le demandent ».

« On essaie de trouver des solutions pour les bios », assure Alain Desprats, directeur du syndicat des Côtes de Gascogne, qui cofinance une thèse sur l’incidence de la culture bio sur la genèse des thiols variétaux dans les côtes-de-gascogne. Pour assurer l’avenir de sa région, Alain Faget préfère parier sur les cépages résistants. « Il faut laisser travailler les chercheurs. Dans dix ans, nos cépages autochtones seront résistants », espère-t-il.

 

Le Gers, un département singulier

« Sur 760 000 ha de vignes en France, 658 120 reçoivent du cuivre », souligne Romain Dandois, chef de marché vigne chez Nufarm. Il y a donc 14 % des surfaces qui n’en reçoivent pas du tout. Selon un rapport de l’Anses paru en février 2022, l'essentiel de ces vignes se trouve dans le Gers. « Seulement environ 20 % des surfaces en vigne de ce bassin viticole sont concernées par des applications du cuivre en 2016 contre une moyenne allant de 68 % dans le Lot-et-Garonne à quasi 100 % en Alsace pour cette même année », indique l'Anses.

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