algré les ruptures d’approvisionnement, les confinements, et le fonctionnement par à-coups des usines, le secteur de l’agroéquipement a réalisé une année 2021 historique.
« Elle a été très stressante. Nos adhérents ont vu leur capacité à livrer passer de 2 à 4 voire 5 mois et ont eu peur de l’acceptation par leurs clients des hausses qu’ils ont dû faire passer pour compenser la flambée de l’acier et de l’inox » témoigne David Targy, responsable du pôle économique d’Axema, le syndicat regroupant les industriels de la filière.
Ces difficultés n’ont pas freiné la demande et la production française d’agroéquipements a augmenté de 15 %, générant 5,5 milliards d’euros, un niveau sans précédent historique.


40 728 tracteurs ont été immatriculés pour la première fois en 2021, le meilleur résultat enregistré par Axema depuis 2013. Les premières immatriculations de tracteurs vignes et vergers ont progressé en moyenne de 11 %. En Occitanie, elles ont même bondi de 18 %.
New Holland a repris la première place du classement (20,6 %), suivi de Fendt (16,2 %) et de Kubota (8,2 %). Les ventes d’enjambeurs vignerons affichent quant à elles +16 %.
Après cette année exceptionnelle, les industriels redoutent le pire. « Les matières premières dont les cours tendaient à s’assagir sont reparties violemment à la hausse depuis le 24 février et le début de la guerre en Ukraine. Rien que l’acier, dont nous sommes de gros consommateurs, a pris 80 % » explique Jean-Christophe Régnier, président de la commission économique d’Axema.


« Nous avons franchi une nouvelle étape dans la désorganisation et l’incertitude et les relations commerciales normales n’ont plus cours : nous passons des commandes sans connaître le prix ni la date de livraison, car nos fournisseurs, dépendants eux aussi de chaines d’approvisionnement perturbées, ne peuvent plus s’engager sur des prix ou des délais de livraison. La visibilité n’a jamais été aussi faible ».
En plus de la hausse du coût des matières premières, composants électroniques, hydrauliques, ou électricité, les constructeurs vont devoir faire face à une hausse des salaires de l’ordre de 3 à 3,5 %. Le prix des engins pourrait connaître une nouvelle augmentation de 10 à 15 %.
« Nos adhérents vont-ils encore trouver des clients ? » s’interroge David Targy. Rien n’est moins sûr, d’autant que le marché de l’agroéquipement connait déjà un vrai coup de frein.
Les ventes en valeur sont toujours en croissance du fait de l’inflation des prix mais la hausse de la production s’étiole au fil de mois en mois (+10 % en janvier, +6 % en février, +4 % en mars). Axema anticipe une évolution des volumes comprises entre 0 et -5% pour 2022.
« Et la semaine dernière, FranceAgriMer nous a indiqué que seuls 60 % du plan de relance sur la modernisation des agroéquipements et la réduction des intrants doté de 205 millions d’euros ont été décaissés alors que la totalité de l’enveloppe avait été engagée en quelques jours » indique David Targy, craignant des abandons de dossiers liés à l’augmentation des prix, à l’allongement des délais, et aux marges de plus en plus tendues des exploitations.
Axema s’inquiète également du dernier baromètre d’Entraid. « Il montre que les intentions d’investissements des CUMA et des exploitants agricoles sont au plus bas depuis 2016. Tout cela annonce une fin d’année indécise et obscurcit nos perspectives pour 2023 ». Un nouveau point est prévu en octobre.