es photos, mais pas de clichés. Dans un dispositif rappelant des Hommes et des Bêtes (2002) ou Bestiaux (2006), Yann Arthus-Bertrand signe 70 portraits de vignerons de l’appellation Blaye Côtes de Bordeaux. Exposées jusqu’au 30 septembre prochain à la Cité du Vin à Bordeaux, ces photos de familles vigneronnes ont été prises pendant 3 jours dans les chais du château Cassard (36 hectares en fin de conversion bio, dont la moitié en Blaye). Son propriétaire, Éric Billières a posé avec trois générations à l’occasion d’une photo : son père et ses filles. « On nous a dit de venir comme nous sommes, pour montrer le paysan comme il est. C’était nature, comme tous les jours » indique-t-il, retrouvant dans ces photos « la vie au quotidien avec les autres habitants de la campagne » (des séances photos improvisées ayant eu lieu avec des commerçants du marché venus avec leurs légumes et poissons, mais aussi des croque-morts avec un cercueil).
« Il fallait juste être soi-même. Nous sommes venus comme nous sommes tous les jours pour notre travail à la vigne, au chai et au bureau » se rappelle Rachel Hubert, du château Pey-Bonhomme-Les-Tours (55 hectares certifiés en bio et biodynamie depuis 20 ans), qui a posé avec son frère et son chien (qui ne la quitte jamais). Pour la vigneronne, « Yann Arthus-Bertrand montre tout simplement les vrais vignerons qui vivent de leur travail et font vivre le territoire. Ce sont les hommes et les femmes qui font le gros du bordeaux. Dans le grand public, on pense grands crus [quand on évoque Bordeaux]. »
Offrant un regard sur la réalité de la ruralité, Yann Arthus-Bertrand permet à l’appellation Blaye Côtes de Bordeaux de renforcer sa communication sur les hommes et femmes animant son territoire et ses terroirs. « Les études de marché montrent que les vins de Bordeaux sont boudés par les prescripteurs et consommateurs à cause d’une image de châtelain de grands crus classés derrière ses grilles » indique Thibaut Layrisse, le directeur du syndicat des Vins de Blaye Côtes de Bordeaux, qui rappelle que l’AOC repose sur 400 vignerons pour 6 000 hectares de vignes (soit des propriétés de 15 ha en moyenne). « Ce sont des familles accessibles : quand l’on va à la propriété, c’est le vigneron qui accueille, fait le tour et vend ses bouteilles » souligne le directeur de l’AOC.
Cette exposition est aussi l’occasion de rappeler aux visiteurs citadins que « les vignerons font partie du patrimoine, du paysage et de la culture de la France » ajoute Thibaut Layrisse, regrettant que l’« on tape toujours sur eux pour les phyto, les nuisances… » Alors que les commercialisations de vins de Bordeaux sont actuellement à la peine, c’est le moment d’agir pour le syndicat viticole : « la filière est dans le dur, il y a un risque d’écrémage important. Nos vignerons font un travail rude toute l’année : ils ont du mérite » conclut son directeur.
Intitulée "Dans l’intimité des Vignerons de Blaye Côtes de Bordeaux", l’exposition est visible en accès libre et gratuit depuis ce jeudi 2 juin dans les jardins de la Cité du Vin.