Pour les sols, chacun doit comprendre que leur gestion responsable ne peut qu’augmenter leur rentabilité, pour peu que l’on raisonne à terme » pose le prince Albert II de Monaco ce premier juin à Arles, lors du premier forum international des sols vivants organisé par le groupe Moët Hennessy (filiale des vins et spiritueux de LVMH). Plaidant pour une mobilisation des entreprises et un accompagnement des pouvoirs publics en matière de transition agroécologique, le chef d’État note que si « nos sociétés n’ont pas toujours su protéger leurs sols depuis un siècle », il se trouve que « le processus de prise de conscience […] avance aujourd’hui de manière significative, mais toujours inégale. Au cours de ces dernières années, nous avons vu peu à peu émerger autour de la question du climat une mobilisation mondiale inédite, certes toujours insuffisante pour inverser la catastrophique spirale du réchauffement. Mais elle existe, elle se déploie, elle conduit enfin à l’action. »
Cette volonté d’agir se heurte notamment à des oppositions partisanes indique Albert II de Monaco, estimant que « le vrai clivage politique auquel nous nous heurtons aujourd’hui en matière de protection de l’environnement a changé. Il oppose de moins en moins les réalistes et les sceptiques, [entre] ceux qui admettent la menace et ceux qui la refusent. » Désormais, le souverain monégasque estime que « le vrai débat oppose ceux qui croient dans notre capacité d’innovation, d’invention, de progrès, et ceux qui ne voient de salut que dans la poursuite suicidaire d’un "business as usual" » et ceux qui optent pour « une forme de retrait du monde, ou pour reprendre un mot désormais bien connu : la décroissance ».


Partisan de la première approche, Albert II de Monaco rejette l’alternative de la réduction drastique des modes de consommation. « Je crois que faire de la décroissance la seule solution à la crise environnementale entraînerait une triple régression » indique le chef d’État, pointant « une régression sociale, parce que la plupart de nos contemporains ne souffrent pas d’un excès de confort, de chauffage, de nourriture, de transport, mais plutôt d’un manque* », « une régression démocratique, car un tel chemin ne pourrait être pris que sous la contrainte (je ne crois pas qu’aucun peuple au monde n’accepterait de plein gré de se voir privé des biens dont il a besoin et des progrès auxquels il peut légitimement aspirer) » et « une régression de civilisation, ce serait renoncer à ce qui fait la grandeur de l’humanité : sa capacité à avancer, à relever les défis, à triompher des obstacles ».
Pour aboutir à « une société plus acceptable et durable », le monarque estime que « nous devons apprendre une forme de sobriété en particulier ceux qui, comme vous et moi, bénéficient d’un confort important. Nous ne devons pas pour autant renoncer à innover, progresser. »
* : « Prétendre le contraire, c’est se laisser aveugler par un égoïsme. C’est condamner des centaines de milliers de nos contemporains à la misère, et peut-être à la famine. C’est risquer de leur interdire l’accès à la santé, à l’alimentation, à l’ouverture aux autres » précise le souverain.