es voyants sont au vert pour les constructeurs de releveuses. « Nous avons vendu toutes les machines que nous avions produites, indique Olivier Champart, inspecteur technique chez Ero. La demande est plus forte que les années précédentes, surtout dans le Gard, le Beaujolais, le Val de Loire et en Crozes Hermitage. Le relevage est une opération délicate à mécaniser. Mais, depuis deux ans, nous voyons beaucoup plus d’attrait pour nos machines en raison de la difficulté à trouver de la main-d’Å“uvre. »
Même écho chez DMP Concept, un autre fabricant. « Lors du dernier Sitevi, nous avons enregistré deux commandes sur le salon. Cela ne nous était jamais arrivé. Par la suite, nous en avons reçu une vingtaine, sans compter les nombreuses demandes de démonstration », observe Modeste Schmitt, le gérant.
Provitis voit également ses ventes augmenter. « Le relevage doit se faire dans un timing très précis. Il faut intervenir au bon moment et la fenêtre varie selon la précocité. Il faut du personnel et être réactif. Or ce n’est pas toujours facile compte tenu des difficultés de recrutement. La mécanisation apporte de la souplesse et de la sérénité », pose Didier Andelfinger, le directeur de l’entreprise.
Les difficultés de recrutement, c’est justement ce qui a incité Pauline Vauthier à acheter une palisseuse de DMP Concept cette année. Cet achat, elle ne l’envisageait pas il y a encore trois ans. « À l’époque, nous pensions que nous pourrions continuer à faire du relevage manuel. La mécanisation fonctionne bien. C’est ce que nous avons pu constater chez des viticulteurs déjà équipés. Mais le travail n’est pas aussi soigné qu’à la main », observe-t-elle. Mais elle a dû se faire une raison.
Directrice technique des Vignobles Vauthier à Saint-Émilion, Pauline Vauthier gère 100 ha de vignes dont 87 en production. « Nous rencontrons des difficultés à recruter des saisonniers pour effectuer les travaux en vert. Et chaque année, ça empire. Lorsque j’ai commencé en 2005, je passais une annonce et je recevais une quarantaine d’appels dans la journée. Cette année, je n’en ai reçu qu’un. Alors qu’il me faut 30 à 40 saisonniers, je n’en avais que huit pour démarrer le premier relevage. Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas, c’est un problème général », regrette-t-elle.
Le relevage s’effectue sur une période de dix à quinze jours. L’an passé, à cause du manque de personnel, toutes les parcelles n’ont pas pu être relevées à temps. « Nous avons relevé les dernières parcelles alors que les rameaux étaient très développés et lourds. Cela a été très pénible pour le personnel. » Sans compter que les rameaux présents au sol au moment des contaminations par le mildiou ont favorisé la maladie.
Pauline Vauthier a réceptionné sa machine le 13 mai. « On envisage de la faire tourner en 2 fois 8 heures avec un chauffeur suivi d’une personne pour fignoler le travail. Mais même de cette façon, je pense qu’on ne palliera pas complètement le manque de personnel. » Cet achat représente un investissement de 16 000 € HT auquel il faut ajouter le prix d’un mat et d’une centrale hydraulique si le viticulteur n’est pas équipé. Vaut-il le coup ? « Nous ferons les comptes en fin de saison, car il faudra retirer les fils après la chute des feuilles et avant la taille. Nous verrons le temps que ça prend. »


Pierre-Yves Guilland, viticulteur à Flaxieu, dans le Bugey, a lui investi dans une releveuse Ero (modèle 250 avec vis électrique) il y a huit déjà . Il travaillait alors sur 6 ha de vignes. Aujourd’hui, il exploite 9,5 ha en Gaec avec l’un de ses voisins. L’objectif de cet achat ? « Être autonome et pouvoir travailler sans avoir à embaucher du personnel », explique-t-il.
Pierre-Yves Guilland a des vignes plantées à 2,20m d’écartement et à 1 m entre chaque pied. « Lorsque les rangs font 150 m, en une journée, on relève 1,5 ha.» Le viticulteur effectue deux passages à environ quinze jours d’intervalle. « Il me faut une grosse semaine pour tout palisser à chaque passage. L’investissement – de 12 000 à 13 000 € lorsque je l’ai acheté – vaut le coup. La machine est très fiable à condition de bien respecter les réglages.»
Ero, Ava, DMP Concept et Provitis commercialisent des palisseuses qui déroulent des ficelles pour canaliser la végétation. Chez DMP Concept et Provitis, ce sont des bandes souples qui relèvent la végétation. Chez Ero et Ava, des vis sans fin. Ces machines impliquent de récupérer les fils en fin de saison, avant la taille. Côté prix, comptez environ 20 000 € pour Provitis (autonomie de 5 000 agrafes) et 16 675 € pour DMP Concept (autonomie de 300 agrafes). Chez Ero, comptez entre 18 000 et 35 000 € selon le modèle (250, 500 ou 4 000 pour l’autonomie en agrafes) et les options. Pellenc commercialise une releveuse-palisseuse qui attrape les fils releveurs puis les agrafe pour remonter la végétation. Cette machine permet de garder les fils releveurs en place et elle n’a que les agrafes en consommable. Mais elle nécessite un chauffeur expérimenté et une attention continue tout au long de l’opération. Prix de la Pellenc : à partir de 18 000 €. L’Italien Vignetinox a aussi lancé il y a quelques années la releveuse de fil Basilia. Mais il n’en a pas vendu en France.