lors que la traçabilité constitue l’alpha et l’oméga de la filière vin, on entend les dents grincer dans le vignoble face aux pratiques pour le moins cavalières de certains pépiniéristes viticoles. Discrète dans la pépinière, l’activité de négoce est pourtant bien visible dès lors qu’un vigneron regarde attentivement ses livraisons de greffés-soudés. Parfois, il s’aperçoit que les identifiants d’origine des passeports sanitaires changent d’un lot à l’autre, sans que son fournisseur ne lui ait indiqué qu’il s’agissait de matériels venant d’autres pépinières. Dans certains cas, on peut imaginer un greffon venant d’une pépinière, un porte-greffe arrivant d’une autre, un greffage se déroulant dans une troisième et le tout vendu par une quatrième. De quoi questionner les techniciens viticoles, car derrière la question de la traçabilité, arrive rapidement le sujet de la qualité.
Si l’usage n’est pas d’afficher les activités de négoce dans les pépinières, cette pratique permet de répondre aux demandes des clients, non seulement en termes d’offre de plants, mais aussi de prix affichés. Ceci alors que le métier de pépiniériste est toujours plus difficile, entre les hausses des coûts de production et l’augmentation des contraintes administratives (et sanitaires). Pour répondre aux demande du vignoble, l'offre des plants se structure logiquement de l'entrée de gamme au haut de gamme (avec des initiatives de premiumisation, individuelles ou collectives, comme avec la marque Vitipep's). Si l’activité de négoce a ses vertus, pour la pépinière comme pour les vins, la nécessité de transparence reste cruciale pour ne pas affecter la confiance du client. La franchise semble manquer dans certaines transactions, les vignerons n’étant souvent pas au courant de l’origine des plants. Et s’en apercevant au mieux devant les lots réceptionnés, au pire lorsqu’ils cherchent à connaître les raisons d’échecs de plantation et qu’ils demandent des comptes à leurs fournisseurs. Connaître l’origine des plants permettrait parfois de comprendre certains besoins de complantation a posteriori, et de pouvoir tester a priori la qualité des plants. Voire de comprendre certaines oppositions au traitement à l’eau chaude, comme on l’entend grincer entre les vignes. Qui sont pour le coup échaudées.