es hausses de prix sans précédent des matières premières et de l’énergie secouent tout le secteur vitivinicole.
Dans une lettre adressée au gouvernement ce 12 avril, le Syndicat national des entreprises de services et distribution du machinisme agricole (SEDIMA) et l’association française des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l'Agroenvironnement (Axema) anticipent un fort recul des ventes qui désorganisera la production agricole.
« Les prix des matières premières sont repartis dramatiquement à la hausse dès le 24 février. Les tôles en acier départ Europe du Nord se négociaient en janvier 2021 à 680 euros la tonne, puis à 950 euros début janvier 2022, pour atteindre désormais des cours à 1 800 euros la tonne, avec des pointes à 2 200 euros, indiquent les présidents des deux organismes. Les fournisseurs des industriels, eux-aussi dépendants de chaînes d’approvisionnement largement perturbées, ne sont plus en mesure de garantir prix et délais, et appliquent des hausses de prix sans préavis, à leurs clients qui sont contraints de répercuter à leur tour, en tout ou partie ».
Leur trésorerie étant critique, les équipementiers n’ont d’autre choix que de passer de nouvelles augmentations, après les +10 à +15% déjà enregistrés l’an passé.


Ils constatent en outre une exacerbation des difficultés d’approvisionnements. « Les plannings de production se heurtent à l’imprévisibilité des livraisons, retardées, voire annulées. Les délais de livraison des machines agricoles se sont allongés en moyenne de 11 semaines par rapport à une situation normale ». Ils sont actuellement de 19 semaines en moyenne, pour l’ensemble des entreprises adhérentes d’Axema, et montent à 30 semaines pour les tracteurs.
« Sur certains sites de production, des centaines, voire des milliers de machines, sont stockées dans l’attente de pièces pour un assemblage final ».
Dans ce contexte, les distributeurs sont contraints de trouver des solutions alternatives complexes et couteuses pour fournir aux agriculteurs du matériel d’occasion en attente de la livraison.
Par ailleurs, le SEDIMA et Axema regrettent que la baisse de la valeur vénale du matériel repris à l’agriculteur dans le cadre de son achat de matériel neuf et le déséquilibre créé dans la relation financière entre distributeurs et agriculteurs.
Les projets de construction de chai sont également mis à mal. « La crise impacte les matériaux rentrant dans réalisation des projets vinicoles : acier, inox, béton, ou bois » témoigne Roman Tournier, du bureau d’études Ingévin.
Eriger une cave coûte aux vignerons 20 à 25% de plus qu’avant. « Tout ce qui concerne la réception et le pressurage de la vendange a augmenté selon les fournisseurs d’environ 25% selon leur dépendance à l'acier et aux composants électroniques. Même chose pour les cuves inox. Pour le béton, les unités de production d’air, d’azote, et de froid, la hausse est d’environ 15% ».
Selon Ingévin, un bâtiment en charpente métallique voit son coût davantage augmenter qu’un chai plus « traditionnel » demandant des matériaux moins transformés. Le bureau d’études aide ses clients à choisir des solutions moins touchées par l’inflation, ou à diminuer les surfaces construites.