es nuits de lutte contre le gel, dans le vrombissement des éoliennes, dans les parcelles de vignes ruisselantes sous l’aspersion, ou au milieu de centaines de bougies à allumer puis à éteindre…Corentin Thermes, doctorant en géographie à Tours, et Florian Revol, géographe vidéaste, ont filmé nuit et jour des vignerons et vigneronnes du Bourgueillois dans leur mobilisation pour sauver leur récolte durant la longue vague de gel de 2021.
« Je travaille sur l’adaptation de la viticulture face au changement climatique. Ce film a été réalisé dans le cadre de ma thèse, afin de rendre mes recherches plus accessibles, et susciter la discussion », explique Corentin Thermes. Une vingtaine de vignerons ont participé au documentaire, et expliquent par des mots simples les techniques de lutte contre le gel. « Le film restitue avec justesse ces moments de combats, et il constitue un bel outil de pédagogie », indiquent deux protagonistes du film, Alexandra Genneteau, directrice de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) de Saint-Nicolas, et Philippine Delachaux, co-présidente de l’ODG de Bourgueil.


Les deux syndicats ont co-organisé le 1er avril à Bourgueil une projection gratuite du documentaire, ouverte à tous. Une séance suivie par un public plutôt fourni, issu ou non du monde viticole, et qui a applaudi le film. « Ce documentaire est réussi, car il montre aussi la dimension humaine de cette lutte », a déclaré une spectatrice. Un homme a cependant fustigé « le bruit d’hélicoptère des éoliennes la nuit, et les fumées des feux de paille ». « Nous allons installer des tours moins bruyantes », lui a répondu un vigneron. « Ce sont nos voisins, et ils vivent de la vigne. Nous devons accepter ces contraintes », a lancé une riveraine.
Le film aborde également la durabilité des moyens de lutte quant à l’évolution du climat. « Je refuse de sauver ma récolte à tout prix, en brûlant des milliers d’euros de fioul polluant », lâche un producteur bio dans le documentaire, où on le voit appliquer en pleine nuit de la valériane pour accompagner ses vignes face au gel. Enjeux écologiques et économiques, questionnements sur l’avenir de la viticulture (relocalisation de parcelles, changement de cépages, polyculture…), témoignages d’anciens viticulteurs : le film confronte les points de vue et n’élude pas les doutes voire les craintes de certains devant « le cercle vicieux » de dispositifs polluants ou gourmands en eau, « la difficulté à se projeter en tant que vigneron » dans un futur incertain.
« La sortie nationale des ‘Promesses de l’Aube’ est prévue pour octobre et nous souhaitons le projeter dans des festivals, indique Corentin Thermes. Nous attendons avec impatience les invitations de groupes de vignerons ou d’acteurs de la filière dans toute la France ».