près 18 versions et d’âpres négociations, une charte d’engagements entre les fournisseurs de produits agricoles et les enseignes de la Grande Distribution (GD) vient d’être signée ce jeudi 31 mars à l’occasion d’un comité hebdomadaire de suivi des relations commerciales organisé par le gouvernement et dédié aux conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine. Non contraignante, cette charte comporte « l’engagement fort d’activer les clauses de renégociation qui existent dans les contrats [de marques nationales et de Marques de Distributeurs, MDD], mais aussi d’être souple dans l’analyse de ces clauses » indique-t-on au ministère de l’Agriculture, précisant que « l’idée c’est de ne pas faire du juridique excessif, mais de tenir compte de la situation et de se remettre autour d’une table ».
Pour les enseignes, il s’agit « d’accepter de rouvrir les discussions sur les coûts agricoles, mais également sur les coûts industriels comme l’énergie, les transports et les emballages. Même si les clauses de renégociation ont fixé des seuils de déclenchement » détaille-t-on rue de Varenne. Concernant tous les produits agricoles et agroalimentaires, dont le vin, cette charte ne se limite pas aux seuls produits de l’article 4 de la loi EgAlim2 (qui impose une révision automatique des prix en fonction de l’évolution du coût des matières premières, à la hause ou à la baisse). Les renégociations s’enclenchant actuellement (plutôt sur les viandes, avec de premières signatures pour les volailles), les opérateurs du vignoble n’en ont souvent pas bénéficier alors que le coût de leurs matières sèches explose (bouteilles, cartons, étiquettes…), ainsi que leurs frais logistiques. En matière de retard de livraison, la charte d’engagement entre GD et fournisseurs stipule que « les distributeurs n’appliqueront pas de pénalités logistiques lorsque les fournisseurs arrivent à faire la démonstration qu’ils sont impactés par la crise ukrainienne » précise-t-on au ministère de l’Agriculture.


« Au-delà des engagements, nous attendons des actes ! » répliquent dans un communiqué la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA). Estimant que « les chiffres sont là et justifient des hausses de tarifs immédiates », les syndicats agricoles en appellent « à la responsabilité et au civisme de tous les acteurs économiques pour que tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement résistent aux bouleversements actuels ».