econnaissant ce 21 février des régions séparatistes ukrainiennes et sommant son armée d’y maintenir l’ordre, la fédération de Russie semble lancer l’engrenage géopolitique craint depuis des semaines. Alors que se tenait ce début février (dimanche 6 au jeudi 10) le salon international Prodexpo à Moscou, des exposants français contactés ce jour par Vitisphere indiquent ne pas savoir sur quel pied danser. « C’est encore prématuré. Le salon s’est terminé il y a peu, il y a eu quelques prises de contacts depuis, mais il faudra plusieurs mois pour aboutir » indique un domaine alsacien, notant que lors du salon les acheteurs russes ne cachaient pas leur opposition à ces attaques « de type guerre froide ».
S’appuyant sur un client stable depuis des années, un domaine ligérien indique que commandes partaient encore récemment et sont toujours prévues pour les prochaines semaines : « c’est un marché qui devient important pour nous. Il se développe vite et a un gros potentiel. Il n’y aucun souci de paiement. » Seule incertitude : les modalités de visite pour les prochains mois, selon l’évolution de la situation. Notamment alors que des sanctions sont annoncées par la communauté internationale en générale, et l’Union Européenne en particulier. Le risque d’une réplique russe sanctionnant les vins et spiritueux ne rassure par les exportateurs interrogés. Qui ne souhaitent pas que leurs étiquettes soient prises en otage dans un conflit qui les dépasse. Mais en matière de sanctions économiques, la Russie n’hésite pas à cibler les vins : la Géorgie peut en témoigner. Après l’annexion de la Crimée en 2014, la Russie n’avait cependant pas pris de sanctions contre les vins et spiritueux européens (malgré les appels au boycott des vignerons de Crimée).
Pointant officiellement à la quarantième place des pays destination de vins français en valeur (avec 35 000 hectolitres, +18 % en un an), la Russie se trouve en réalité à la quinzième place quand sont pris en compte les importations de vins français (avec 198 00 hl, +22 %) indiquent les statistiques de Business France (d’après les données douanières). Ayant pour plateformes de réexportation des pays baltes (notamment la Lettonie et la Lituanie), le marché russe est non négligeable pour les vins français.
À noter que l’Ukraine est le quarante-troisième pays consommateur de vins français au monde en 2021 (avec 46 000 hl pour 18 millions €, respectivement +42 et + 43 % en un an).