e 5 février, Julien Collovray, cogérant du domaine des Deux roches, à Davayé (Saône-et-Loire), reçoit ses quatre premiers clients pour une dégustation d’un genre nouveau. Mais c’est Isabelle Francès et non lui qui l’animera. « Je ne commenterai pas les vins, pose-t-elle. En tant que sophrologue, je vous aiderai à les ressentir. » Parmi les clients, Émilie, de Lyon, initiée à la sophrologie, espère « aller plus loin dans la dégustation ». Bien vu : « la sophrologie vous aidera à vous recentrer sur vos sensations pour les amplifier », confirme Isabelle.
Déjà la petite troupe lui emboîte le pas jusqu’à la cuverie. « Visitez, soyez curieux… Concentrez-vous sur l’odorat et de la vue », propose-t-elle. À mi-voix, Émilie se renseigne auprès de Julien sur le rôle des cuves. Puis la sophrologue invite le groupe à fermer les yeux. « Demandez-vous : qu’ai-je vu ? Qu’ai-je entendu ? Puis, à votre rythme, ouvrez les yeux et posez un regard neuf sur cette pièce. »
La visite se poursuit dans le chai. À nouveau, Isabelle demande aux visiteurs de fermer les yeux puis enchaîne : « La lumière, l’odeur, la température sont-elles les mêmes que dans la pièce précédente ? Qu’est-ce que je ressens ? Le but est de vous préparer à la dégustation. » Enfin, elle invite, yeux clos, à prendre une grande inspiration « pour se concentrer sur les sensations positives apportées par cette visite », suivi d’une longue expiration « pour les diffuser dans le corps ».
On entre dans le caveau. L’heure de la dégustation approche. Isabelle demande aux clients de « prendre conscience » de tout ce qui les entoure. Pendant quelques minutes, les yeux fermés, chacun se concentre sur sa respiration et tente de « ressentir son corps du haut du crâne jusqu’au bout des orteils ».
Un bruit de bouchon brise le silence. Isabelle annonce « un Saint-Véran Vieilles vignes, plutôt minéral avec des rondeurs en bouche ». On n’en saura pas plus. « Concentrez-vous sur le toucher du verre. Observez la couleur du vin. Sentez-le… Prenez une gorgée, accueillez vos sensations. » Isabelle parle peu et lentement. Suivent un « Pouilly-Fuissé Vieilles vignes, minéral avec des notes acidulées », puis un « Limoux rouge avec des notes fruitées », issu de la propriété que Julien et ses associés possèdent là-bas. Pour finir, les membres du groupe sont encore une fois invités à fermer les yeux et à se concentrer sur leur respiration, « pour diffuser les sensations positives dans tout le corps ».
Émilie et son ami ont apprécié l’expérience et achètent une bouteille en partant. Initiée à l’œnologie mais novice en sophrologie, Aurélia, a « aimé l’approche qui fait apprécier des détails souvent négligés comme les odeurs et les bruits dans la cave. Mais ce serait intéressant pour les novices de nous indiquer quels indices on doit chercher : une acidité, une longueur ».
Julien Collovray, pour sa part, a redécouvert ses vins. « Je les goûte tout le temps, mais de façon professionnelle. J’en oublie certaines sensations. Et, en tant que vigneron, j’en ai une idée préconçue. Je m’attends à retrouver une complexité, des arômes… Là, j’en ai ressenti d’autres ! » À l’avenir, il ne s’interdit pas de faire évoluer l’atelier. « Peut-être que je ferai un topo d’une minute pour situer chaque vin… » Pour le moment, il a prévu une séance par mois. « On verra s’il y a du public », conclut le vigneron.
L’atelier d’une heure est animé par une sophrologue diplômée et comprend la dégustation de trois cuvées « en pleine conscience ». Il est limité à six clients, pour un prix de 22 € par personne.