Herbert Dorfmann : C’était mon but. Je ne dis pas que l’alcool ne pose pas de problèmes de santé publique, nous savons tous qu’il peut causer de nombreuses maladies. Mais il y a une différence à marquer entre la consommation et l’abus de boissons alcoolisées. Ces amendements sont importants parce qu’ils posent cette distinction. Ce que comprennent les vignerons et consommateurs qui apprécient avec modération un verre de vin ou de bière.
Est-ce que ce vote pourrait marquer un nouveau départ entre des eurodéputés du vignoble et des élus aux positions sanitaires ? Ou les premiers resteront-ils les lobbyistes du vin pour les seconds ?
Il est clair que les députés à l’origine de la version originale de ce texte (et son « no safe level ») nous considèrent comme des membres du lobby du vin. Je ne pense pas que ce soit une question de lobby. Il y a des centaines de milliers de vignerons et de négociants en Europe, moi-même je suis issu d’une famille de vignerons, et il est parfaitement légitime qu’ils soient en désaccord avec une politique qui considère que leur métier est néfaste.
Ce qui est important à souligner, c’est que nous avons besoin d’être respectueux de nos traditions. Nous, députés européens, ne pouvons pas continuer à dire qu’il faut arrêter de boire de l’alcool et de manger de la viande. C’est important qu’une majorité claire aient dit non [à ces propositions]. Nous devons trouver un équilibre. Ce n’est pas aux politiques de prohiber le vin. Nous pouvons alerter les consommateurs sur des dangers, mais ce sont à eux de choisir s’ils veulent boire du vin ou de la bière. Pour l’alcool, il est important de dire clairement que nous sommes pour la modération, pas la prohibition.
Retirant l’idée de risque sanitaire dès le premier verre, votre amendement n°33 a été rejeté. Est-ce que vous regrettez ce maintien d’une référence à une étude du Lancet ?
J’étais en minorité sur ce point, même au sein de mon groupe politique. Cette étude scientifique existe et il y est fait mention. Il est important que soit introduite la distinction entre consommation modérée et excessive. Il n’y a pas d’expérience probante de prohibition dans le monde, le concept européen de consommation avec modérée est celui à succès.
Quels vont être les conséquences du rapport BECA ?
D’ici la fin de l’année, nous aurons une proposition de la Commission Européenne sur l’étiquetage des boissons alcoolisées. La Commission doit prendre en compte le vote du Parlement pour sa proposition. Nous ne nous opposons pas une information du consommateur (notamment sur le risque de l’alcool au volant), mais à un message d’alerte sanitaire.