a crise covid aura au moins eu le mérite de mieux faire connaître les troubles de l’olfaction. « De nombreux œnologues, sommeliers, restaurateurs ou parfumeurs en ont parlé dans les médias et j’espère que ces témoignages déboucheront sur une meilleure reconnaissance et prise en charge de ce handicap qui impacte le bien être quotidien d’une grosse partie d’entre nous. »
Lors de son intervention à la Cité du Vin de Bordeaux, Sophie Tempère a rappelé qu’avant la pandémie, plusieurs études avait montré qu’environ 20 % de la population souffre d’anosmie (perte totale de l'odorat), d’hyposmie (diminution de l'odorat), d’hyperosmie (sensibilité accrue aux odeurs), de parosmie (distorsion des odeurs), cacosmie (perception injustifiée d'odeurs désagréables) ou de phantosmie (hallucinations olfactives). La chercheuse à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV) a listé l’origine de ces troubles.
« Ils peuvent être présents dès la naissance, liés à des congestions nasales, à des infections virales, comme c’est le cas avec lors de la covid-19, à des maladies telles que Parkinson ou Alzheimer, à la prise de certains médicaments, au tabagisme, ou, pour ne citer que ceux-là, à l’âge ».
Après le covid, la majorité des personnes mettent entre 8 jours et un mois à retrouver tout leur odorat. 5 à 11 % des patients doivent attendre six mois, sachant que certains souffrent toujours de troubles un an après la maladie.
« Mais heureusement, le système cognitif étant très plastique, ils peuvent s’entraîner pour récupérer leurs facultés. Même chose pour les personnes victimes d’un traumatisme crânien, souffrant d’autres pathologies, et pour toutes celles dont le trouble ne provient pas d’un problème génétique » a assuré Sophie Tempère.
Des exercices peuvent également aider les amateurs de vin à améliorer les capacités de dégustation.
Comment faire ? « Le premier exercice consiste très simplement à sentir, via des expositions répétées à certains composés odorants. On peut utiliser des huiles essentielles en jouant sur leur concentration » expose la chercheuse. Ce protocole est d’autant plus efficace qu’il est mis en œuvre rapidement après l’apparition du trouble.


Un autre exercice consiste simplement à flairer l’air, tel un animal, pour stimuler le cortex olfactif. L’imagerie mentale demande un peu plus d’apprentissage, mais s’avère également très efficace. Les sportifs l’utilisent pour augmenter leurs capacités motrices et les musiciens pour s’entraîner. « Dans notre cas, il s’agit d’arriver à nous créer des illusions olfactives. On peut par exemple fermer les yeux, s’imaginer couper un citron dans la cuisine, et un apporter une moitié à son nez ».
En quelques jours, la technique permet aux professionnels du vin de progresser dans la reconnaissance de certains arômes.
Troisième protocole : l’entraînement par association. « On peut associer une odeur à un évènement, à une image, ou à un mot ». Découvrez les autres astuces de Sophie Tempère en regardant le replay du webinaire.