Martelée nationalement, la position française d’absence d’interdiction de phytos sans alternative ne change pas au niveau européen. « L’enjeu collectif est de renforcer le cadre commun d’usage des produits phytopharmaceutiques selon des règles harmonisées au sein de l’Union Européenne. Il s’agit aussi de promouvoir et déployer le recours aux alternatives, en veillant toujours à ne pas créer de situation où les agriculteurs seraient sans solution. Car la seule conséquence serait alors l’augmentation des importations » déclare ce 17 janvier à Bruxelles le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lors du discours d’ouverture du premier conseil Agriculture et Pêche qu’il préside, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.
Présentant ses priorités à ses collègues ministres de l’Agriculture, le ministre français indique proposer un document d’orientation politique au prochain conseil de février, pour aboutir à des décisions en mars, quand un rapport de la Commission Européenne doit être remis sur la révision de la directive SUD (pour "Sustainable Use of Pesticides"). Soit la « directive relative à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques compatibles avec le développement durable » note Julien Denormandie.
Devant harmoniser les pratiques phytos de l’agriculture européenne, la directive SUD doit aussi servir de mètre étalon pour les produits importés. Une priorité de la présidence française de l’Union Européenne est de créer des outils de réciprocité commerciale avec les pays tiers : « l’accent devra être mis sur les clauses miroirs » indique Julien Denormandie, qui propose notamment une révision des Limites Maximales des Résidus (LMR) à l’importation. Y compris dans le Codex Alimentarius pour une normalisation internationale : « l’objectif est d’avoir des conclusions du conseil pour appuyer une plus grande cohérence des décisions et normes de cette instance sur nos différentes stratégies » indique le ministre français.
Souhaitant s’appuyer sur un « momentum politique », le ministre souligne que « parler de réciprocité était impossible il y a quelques années au sein du Conseil. Cela fait quelques années que nous avons réussi avec d’autres à l’imposer » indique-t-il en conférence de presse. « En mars, nous présenterons différentes idées et possibilités pour renforcer réciprocité des normes dans échanges commerciaux » opine Janusz Wojciechowski, le commissaire européen à l’Agriculture, pour qui « la réciprocité des normes est extrêmement importante ».