eutré, le monde industriel des verriers est attaché à la transparence. Plus quand il s’agit des bouteilles, que ses capacités de stockage ou de ses politiques de prix. Démonstration sur le salon Sitevi (30 novembre-2 décembre à Montpellier), où les principaux opérateurs ne souhaitent pas commenter l’évolution des actuelles tensions sur l’approvisionnement et leurs politiques tarifaires pour 2022. Alors que les premières mises se préparent pour cet hiver, il semble que les tensions des derniers mois se résorbent progressivement.
Les discours sont à l’apaisement sur les stands, avec des délais restant certes longs sur de nombreuses référence, mais avec la promesse de reconstitution progressive des stocks dans les usines. L’objectif étant aussi d’éviter un emballement irrationnel des commandes : la crainte de pénurie la créant aussi souvent que surement. « Les vignerons réagissent comme n’importe qui, sur les bouteilles comme sur le papier toilette pour le premier confinement » glisse, pince sans rire, un distributeur. « L’enjeu des verriers est de reconstituer les stocks. Les tensions s’apaisent, même si le contexte sanitaire reste incertain (la dégradation de la situation covid fait craindre que les fours ne tourneront plus à plein régime) » indique un autre fournisseur, notant que « ce qui est compliqué, c’est d’avoir accès à l’information. Nous devons aller à la pêche… »
Si aucun verrier ne semble épargné par la gestion de flux tendus, ils sont également tous touchés de plein fouet par les hausses du coût de l’énergie, poussant à des hausses de tarifs sur l’année 2022. Sujet particulièrement sensible, le prix des bouteilles de verre enregistrerait globalement une hausse à deux chiffres. 10 % semblant être le niveau plancher. Indiquant augmenter de 10 % en moyenne le coût de ses bouteilles, Romain Montanet, Vetreria Etrusca (groupe familial basé à Florence), note que « les coûts n’ont pas fait baisser la demande. C’est la tendance du secteur. » Pour répondre aux demandes, le verrier invite ses clients à anticiper au maximum leurs commandes, sa production de bouteille se faisant à la demande à Savone, en Italie.
Conseil répété à l’envi, la prévision des commandes impose de nouvelles stratégies d’entreprises. « L’enjeu logistique devient structurant » confirme Sébastien Latz, le directeur associé de Concept Emballages (distributeur de 70 millions de cols à Bordeaux, en Vallée-du-Rhône et Provence), qui met à profit ses stocks tampons répondre aux demandes de ses clients selon les disponibilités et besoins prévisionnels. Ne pouvant pas augmenter sa production (les fours tournant déjà à plein 7 jours/7 et 24 heures/24), les verriers conseillent à leurs clients de passer leurs commandes 3 à 4 mois à l’avance, pour anticiper… mais sans surstocker. Cette approche plus logistique n’est pas pour déplaire aux vignerons, qui en profitent pour réfléchir sur leurs besoins et stratégies commerciales, mais toussent sur les hausses simultanées des cartons, du GNR, du plastique, des engrais… « Et nos cours du vin n’augmentent pas. Alors que s’il y avait une année où ils devraient monter, ce serait celle-là avec la petite récolte » soupire un producteur languedocien croisé dans les allées.