ur douze mois, l’Australie a exporté 6,38 millions d'hectolitres de vin pour un chiffre d’affaires de 2,27 milliards AUD (soit 1,47 milliard d’euros). Sur les 113 marchés destinataires, un en particulier s’est distingué par sa très mauvaise performance. Fatalement, vu les droits punitifs entrés en vigueur en fin d’année dernière, la Chine a baissé ses importations de vins australiens de 78 % en volume et de 77 % en valeur, cédant ainsi sa première place en valeur au Royaume-Uni. Dans le même temps, celui-ci a consolidé sa première place en volume, malgré une baisse de 2 % de ses importations.
Les Etats-Unis aussi ont régressé, de 12 % en volume (1,23 million hl) et de 11 % en valeur, à l’instar du Canada (-13 % à 490 000 hl, et -12 % respectivement), de l’Allemagne (-4 % à 330 000 hl et -11 %) et de la Nouvelle-Zélande (-13 % à 280 000 hl et -3%). Dans le top 10 des pays destinataires en volume, seuls le Danemark (+1 % en volume/207 000 hl) et la France (+7 % à 99 000 hl) se distinguent pour leur évolution positive.
Dans son dernier rapport, Wine Australia attribue cette contre-performance à différents facteurs, et pas uniquement à la Chine. « La baisse des exportations que nous constatons actuellement a été amplifiée par une forte augmentation des exportations en septembre et octobre 2020, les exportateurs ayant expédié du vin en Chine continentale avant l'imposition des droits de douane et au Royaume-Uni avant la fin de la période transitoire du Brexit. S’y ajoute une hausse de la demande de vin australien au Royaume-Uni et aux États-Unis pendant la pandémie du Covid-19 », explique Rachel Triggs, directrice des affaires commerciales et réglementaires auprès de Wine Australia.
Elle précise par ailleurs qu’une série de récoltes déficitaires entre 2018 et 2020 a pénalisé les exportateurs : « Même si la production 2021 a atteint un niveau record, son impact sur les volumes exportés devrait intervenir progressivement, la majorité des vins issus du millésime 2021 ne devant être expédiés qu’au cours des deux trimestres à venir ». Les expéditions par anticipation ont, par ailleurs, fortement réduit les stocks, ces derniers ayant atteint, au début de l’année 2021, leur niveau le plus bas depuis dix ans. Enfin, en écartant la Chine continentale des données export, l’Australie a vu ses expéditions hors frontières progresser de 9 % en valeur, tout en régressant de 5 % en volume.
Sans doute aussi que les efforts des exportateurs pour réorienter leurs expéditions vers d’autres marchés que la Chine n’ont pas encore porté leurs fruits. Il faut dire que la filière avait beaucoup misé sur le marché chinois : à titre de comparaison, si le nombre d’exportateurs travaillant avec les USA est passé cette année à 269, soit son niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2009, les opérateurs exportant vers la Chine totalisaient 2 241 en 2020 ; désormais, ce nombre ne dépasse pas 750. Le marché américain n’a pas été non plus la planche de salut espérée en 2021 : comme l’explique Wine Australia, la réouverture du secteur CHR a provoqué une régression des ventes pour la consommation à domicile, circuit où se commercialisent la majorité des vins australiens. Lorsqu’on ajoute à cela, les problèmes logistiques provoqués par le Covid-19, toutes les conditions sont réunies pour freiner fortement la volonté exportatrice de la filière australienne.
Lors d’une réunion le 26 octobre, l'Organe de règlement des différends (ORD) de l'OMC a décidé d'établir un groupe spécial chargé d'examiner l'imposition par la Chine de droits antidumping et droits compensateurs sur le vin importé d'Australie. Une première demande formulée par l’Australie en septembre avait été bloquée par la Chine.