Maintenant, le transport maritime a un coût et il faut le planifier » pose Clément Desbois, le directeur export du transporteur JF Hillebrand France, qui souligne le changement de paradigme auquel fait face la filière vin : découvrir et prendre en compte les problématiques de logistique. Perturbé depuis le début de la crise sanitaire, le transport international de containers reste difficile : délais à rallonge et coûts explosifs.
Pas de quoi rassurer les exportateurs, Clément Desbois ne s’attend pas à d’amélioration en 2022. « On s’aperçoit que la demande reste très forte (+13 % de demande de containers à la fin septembre 2021 par rapport à 2020, et +6 % par rapport à 2019). Toute la capacité mondiale de transport en container est utilisée » souligne l’expert, qui explique ces blocages par la congestion des ports, dont les infrastructures saturées accentuent le retard des containers avec un effet domino touchant toute la chaîne logistique… Faute de stock.
« Il n’y a plus de fiabilité dans les plannings, 30 % des navires sont à l’heure. Il y a beaucoup de perturbations » reconnaît Clément Desbois, qui indique que 12 % des capacités mondiales de containers sont inutilisables à cause de ces retards en cascade. Conséquence de cette congestion mondiale, les prix flambent. Pour un container de 40 pieds Dry, l’indice global du fret maritime est ainsi de 10 000 $ (8 600 €), soit une multiplication par 10 de son prix moyen en deux ans souligne le logisticien. Selon les routes, les prix évoluent différemment. Comme 7 000 $ pour un container allant de l’Europe vers les États-Unis (contre 2 000 $ courant été 2020).
« Le manque de place génère des hausses de prix » résume Clément Desbois, confirmant qu’il n’y aura pas de normalisation du trafic international avant 2023. A la fois par le maintien d’une forte demande de produits manufacturés en 2021-2022 (liée à la croissance mondiale) et l’arrivée pour 2023 de nouveaux navires (commandés par les compagnies maritimes fin 2020). Dans l’avenir, « personne ne sait comment les choses vont se rééquilibrer. Sans doute pas par un retour à des prix bas, comme il y a nécessité pour les compagnies d’investir dans un service actuellement dégradé et dans l’amélioration de leur empreinte environnementale » prévient Clément Desbois.


Conséquence, « il faut que les exportateurs anticipent, pour allonger leurs calendriers et prévoir les transports dès la transaction » explique le transporteur, qui note que le pli est pris dans la filière. En témoigne un ralentissement précoce des envois de fin d’année, « comme si les expéditions avaient été anticipées pour les fêtes de fin d’année, pour assurer les ventes en avançant les expéditions de commandes » conclut l’expert.