bjectif dépassé. Le groupe 30 000 d’Irancy, qui regroupe 14 viticulteurs de ce village de l’Yonne, visait lors de sa création, en 2019, la non-utilisation de pesticides classés Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques (CMR) et la réduction des herbicides. Deux ans plus tard, ces producteurs sont allés plus loin et possèdent les Indices de Fréquence de Traitement (IFT) les plus bas du département. Les chiffres 2020 du groupe font état d’un IFT herbicide moyen de 0,02 (Yonne : 1,53) et de 4,51 hors herbicides (Yonne : 9,5). Le tout sur 325 hectares, dont 120 à Irancy.
Une dynamique rare, mais plutôt logique pour Christophe Ferrari. Le membre fondateur du groupe voit dans le volontariat un pré-requis. « J’ai toujours pensé qu’on pouvait arriver à plein de choses, mais qu’il ne fallait jamais imposer. Ce que je voulais absolument en créant ce groupe, c’était qu’il n’y ait pas de sanction si une pratique était hors cadre. » Quand, au début, certains confrères hésitent à le rejoindre car il leur reste des CMR à écouler, Christophe Ferrari tranche. « Je leur ai dit que ça n’avait aucune importance, que le principal était de réfléchir à comment ne pas les réutiliser par la suite. »
Une logique bienveillante qui a permis de mettre en place une coopération étroite entre les vignerons. Le groupe se réunit tous les 15 jours dans les vignes pendant la campagne de traitement. « Le simple fait de visiter une parcelle, et de voir les pratiques d’un confrère, ça peut apporter des solutions. On peut se dire, par exemple, qu’on n'a plus besoin de désherber parce que untel a réussi à tel moment. Il y a tellement de solutions possibles qu’une seule exploitation ne peut pas tout expérimenter. Sinon c’est beaucoup trop de temps, d’argent, de matériel. »
Le groupe a bénéficié d’un suivi actif de la part de la Chambre d’Agriculture de l’Yonne, en appui technique permanent. « Ce suivi nous paraissait indispensable au moment de créer le groupe : il était hors de question de faire prendre un risque à une exploitation. Le but est quand même de faire du raisin. On est des chefs d’entreprises, il y a une notion économique à ne pas oublier. Ils ont beaucoup écouté nos attentes.»
Mis en place pour la période 2019-2022, le projet doit s’arrêter d’ici peu. Mais le groupe d’Irancy se projette déjà. « On veut continuer à travailler ensemble. Pour nous, la suite logique, c’est la question des paysages et de la biodiversité. » À nouvel objectif, nouvelle organisation : le groupe d’origine rejoindra une association ouverte aux non-viticulteurs. Un dossier de Groupement d'Intérêt Economique et Environnemental (GIEE) sera déposé.
En attendant, des villages voisins se sont inspirés de la démarche. « On veut montrer que ce qu’on a fait n’est pas compliqué, que c’est donné à tout le monde », promet Christophe Ferrari.