Cette année, nous connaissons des phénomènes de salinité plus marqués avec une année sèche qui a amené moins de lessivage » indique Pierre Calmel, président de la cave de Sérignan. Cependant, difficile de quantifier le phénomène. Aucune évaluation de surfaces touchées n’a été réalisée. Reste que le phénomène de salinité des sols touche les vignes de la cave chaque année de manière plus ou moins marqué. « Cela crée des ronds de sel au sein desquels la vigne souffre » explique Pierre Calmel. Les symptômes sont connus : réduction des bois, baisse de rendement, feuilles brûlées, raisins desséchés. Et en cas de phénomène extrême : c’est la mort du pied.
La salinité vient de la mer dont les eaux remontent dans le fleuve Orb. « Ce phénomène s’est accentué depuis que le débit du fleuve est maîtrisé » constate Pierre Calmel. Et ceux ne sont pas moins de 2000 hectares de vigne, pour certaines éloignées de 5 km de la mer, qui sont victimes du sel. Le phénomène est maitrisé par une immersion hivernale des terres. « Entre février et début avril, 3000 m3 par hectare sont déversés dans les vignes de manière à rincer le vignoble » explique Pierre Calmel. L’eau vient de ruisseaux, « les caves » qui permettent d’amener l’eau alcaline vers les vignobles puis de les évacuer via l’Orb dans la mer.
Reste que ce mode de gestion du sel est insuffisant. En témoigne, les dégâts de cette année. Et la cave de Sérignan plaide pour que des travaux soient entrepris afin de maitriser les remontées de sel depuis la mer. « Nous avons produit une étude qui évalue l’efficacité de la construction d’un seuil de fond pour endiguer l’eau salée. Le coût de l’opération est de deux millions d’euros et l’étude n’apporte aucune certitude quant à l’efficacité de la construction. La communauté de commune a donc lancé des études complémentaires » indique Pierre Calmel. Ce dernier s’avoue inquiet. Car, une réponse devient plus que nécessaire. Sans les vignes, la cave de Sérignan qui fait vivre 170 familles devra fermer. Le sel est aussi un vrai ennemi du tourisme. Car, comme le rappelle Pierre Calmel, « avec le sel, plus rien ne pousse. Les arbres s’effondrent sur les berges, le sol est aride, plus rien ne pousse ». Pas même la moindre petite graminée.