ans le vignoble français, l'évocation de la salinité reste cantonnée aux notes de dégustations tentant de décrire le concept de minéralité. Le sujet est bien moins léger en Australie, où il résonne avec des méthodes d'irrigation conduisant à une concentration de chlorures des terres viticoles. D'après les recherches du docteur Michael McCarthy (South Australia Research & Developement Institute), les causes d'une salinisation excessive peuvent aussi bien être dues à une sur-irrigation (rapprochement des nappes phréatiques de la surface) qu'à une sous-irrigation (les faibles quantités apportées empêchant que les minéraux soient lessivés de la zone racinaire), voire à la qualité de l'eau utilisée et à la structure du sol (pouvant limiter le drainage). Causant stress hydrique (à cause d'un gradient osmotique trop important), faible développement végétatif et rendements en chute libre, les fortes concentrations de sel sont une plaie pour le vignoble australien. D'après les résultats de Rob Walker (CSIRO), la majorité des cépages type Vitis vinifera* et des porte-greffes sont en effet sensibles à la salinité des sols (à l'exception du colombard, du SO4, du Ruggeri 140 et surtout du 1103 Paulsen). Pour lutter contre la salinisation de ses vignobles, la filière australienne doit se penche donc sur les bonnes pratiques d'irrigation selon Michael McCarthy. Comme le résume le scientifique, « le challenge de la gestion de la salinité par l'irrigation est d'apporter assez d'eau pour répondre aux demandes de la vigne, tout en maintenant un lessivage suffisant des sels, sans drainage excessif causant une utilisation trop élevée d'eau ».
Selon lui, c'est entre la fin de l'hiver et le début du printemps que se trouve la meilleure fenêtre pour permettre un lessivage de son sol (en concordance avec les périodes les plus pluvieuses et avec la dormance des vignes). Si certains préconisent un apport d'au moins 250 millimètres, le chercheur souligne que cela dépend du type de sol et des pluies (durée et intensité), ajoutant qu'une irrigation de lessivage est optimale quand le sol est saturé en eau (sinon le chemin pris par l'eau se limite aux crevasses et fentes) et quand l'eau utilisée est pauvre en sels (sinon il faut compenser avec de plus importants volumes). Les expériences du SARDI tendraient à montrer qu'une série de petits apports en eau serait plus efficace qu'une irrigation massive.
* : l'Australie étant globalement préservée du Phylloxera de la vigne, le franc de pied reste la norme.
[Photo : CSIRO]