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ès qu’il est question de changement climatique dans le vignoble, l’enjeu de l’irrigation n’est jamais loin. Les répartitions pluviométriques ont changé du tout au tout, avec des averses semblant trés concentrées le printemps et souvent trop absentes l’été. Les orages du 15 août et autres changements météo d’avant récolte des récoltes ne sont plus d’actualité. Aussi récents que répétés, les épisodes de sécheresse estivale poussent les comités nationaux des vins AOP et IGP de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) à se pencher sur la possible création de groupes de travail dédiés aux évolutions de la réglementation sur l’irrigation.
A commencer par la date butoir du 15 août, au-delà de laquelle l’irrigation est proscrite pour toutes les vignes produisant des raisins de cuve (article D665-17-5 du Code Rural). Un arrêt brutal qui ne justifie plus pour de nombreux opérateurs, qui soulignent que cette coupure peut avoir des impacts qualitatifs sur la récolte. Est également évoqué le principe d’interdiction de l’irrigation pour les AOC du premier mai au 15 août, qui impose un système dérogation pour arroser les vignobles le nécessitant (article D645-5 du Code Rural). Mis à l’ordre du jour du comité national AOP du 3 juin et du comité national IGP du 24 juin, ces sujets sont autant de pistes de réflexions soutenues par la filière. Comme en témoigne une lettre de la Confédération Nationale des Vins AOC (la CNAOC).
« On ne découvre pas le sujet. Le récent courrier de la CNAOC appuie l’orientation stratégie nationale d’adaptation au changement climatique qui demande le changement de la date butoir, la simplification réglementaire et la suppression [de la logique] d’interdiction » indique Pascal Laville, inspecteur national à INAO. Se rappelant que la date du 15 août était déjà débattue en 2013-2015 (lors des échanges ayant conduit au décret du 8 septembre 2017 sur l'irrigation des vignes aptes à la production de vins AOC), l’expert se souvient que le sujet n’avait pu aboutir faute d’avoir eu le temps d’impliquer les IGP (la date du 15 août concernant tous les segments, y compris les vins sans indication géographique).
Si les groupes de travail AOP et IGP sont validés en juin, les discussions pourraient être plus rapides, la filière et l’administration ayant appris de l’expérience du décret de 2017. Notamment concernant la tenue d’une concertation avec le ministère de la Transition Ecologique et son agence (l’ADEME). Dans un contexte de changement climatique, l’accès à la précieuse ressource qu’est l’eau va devenir toujours plus stratégique, demandant à la filière vin d’encadrer aussi quantitativement que qualitativement ses demandes d’arrosage. Le sujet va être d'autant plus d'actualité que le ministère de l'Agriculture va ouvrir ce vendredi 28 mai un Varenne de l'irrigation et de l'adaptation au changement climatique. Et dès qu’il est question de changement climatique dans l'agriculture, le vignoble est quasiment automatiquement évoqué comme le "canari dans la mine".
