Vincent Dubourg : Surtout depuis 2018 et la très forte attaque de mildiou, avec des dégâts jusqu’à 100 %, sauf dans les parcelles dans lesquelles j’étais très en retard sur mon programme d'entretien des sols. Ceux-ci n’avaient pas été travaillés depuis les vendanges précédentes, et l’herbe recouvrait tout le rang et l’inter-rang.
Depuis, j’ai suivi des parcelles plantées en vigne, et d’autres en friche. Sur les premières, j'ai gratté un peu sous les rangs et sous le passage des roues durant l'été et juste avant les vendanges. Dans les friches, je n’ai rien fait.
Vincent Dubourg : En l’absence de travail du sol et d’exportation de matière organique par les raisins, la fertilité a plus vite augmenté dans les friches. Je suis passé d’un taux de 1.5 à 2.5 voire 3 % de matière organique sur mes friches en trois ans. Dans les vignes, le sol a gagné en moyenne un demi-point.
D’après mes calculs, l’augmentation d’un point de matière organique sur mes sols, évalués à 4 000 tonnes par hectare, pourrait contribuer à stocker environ 280 tonnes de carbone sur mes 7 hectares, équivalent à 1 000 tonnes de CO2 ou 6,5 millions de kilomètres effectués en voiture (en prenant pour base un rejet de 0,15 kg de CO2 par km).
Bien sûr, il faut prendre en compte l'énergie dépensée sur l'exploitation par le tracteur, la voiture, l’électricité, l’eau, le transport ou les emballages, et la consommation électrique liée à l'activité, mais l’arrêt du travail du sol a un impact évident sur le bilan carbone, d’autant qu’il s’accompagne d’une baisse de l’utilisation du tracteur.
Il y a un levier énorme à actionner, avec, cerise sur le gâteau, un accroissement de la vie des sols, le retour des oiseaux dans les campagnes, leur verdissement, et l’amélioration de nos qualités de vie.