rame individuel et multifactoriel, chaque suicide reste une question sans réponse. Jusque-là cachée par la pudeur des familles et l’intimité des proches, cette tragédie de l’agriculture française frappe désormais visiblement le vignoble. En une semaine, trois personnalités du vignoble ont mis fin à leurs jours (à Aniane, Puget-Ville et Arbois). Si aucune généralité ne peut en être tirée, ce ne sont hélas pas de premiers cas isolés. On peut y voir le symptôme d’une fragilité exacerbée par un trop-plein de calamités.
Les crises se succèdent, se cumulent, pèsent sur le pouvoir de résilience et peuvent saborder le vouloir d’existence. Aux difficultés commerciales démultipliées (taxes américaines, fermetures des restaurants, annulations des salons…) s’ajoutent un gel historique (aux conséquences réelles mal appréhendées par le gouvernement français et la Commission Européenne) et des épreuves individuelles (qui n’appartiennent qu’à l’intimité). Les dernières digues éclatent. Et le mot tabou de suicide est prononcé par de plus en plus de lèvres dans la filière vin.
Craint depuis des mois par les représentants de la filière et ses assistants sociaux, ce signe de désespoir n’est pas une fatalité. S’il n’existe pas de solution miracle, les opérateurs se trouvant acculé dans une impasse peuvent se rapprocher de conseillers psychologiques, juridiques et syndicaux. Alors que la honte de l’échec contraint les vignerons et négociants au silence solitaire, les exceptionnelles conditions actuelles doivent briser cette spirale mortifère. Chaque suicide est un drame pour la filière vin, qui doit affronter cette question pour y apporter une réponse.