l y a tout juste dix ans, trois scientifiques montpelliéraines ont été les premières à développer un indicateur de l’activité biologique des sols à basé sur l’analyse des nématodes.
« Chaque m² de terre en renferme environ un million, assure Cécile Villenave, co-dirigeante et responsable scientifique d’ELISOL environnement. Ces vers microscopiques nous donnent des informations précieuses sur les conditions du milieu ».
Certains viticulteurs envoient les 500 grammes de terre nécessaires directement au laboratoire d’ELISOL, installé à Congénies, dans le Gard. « Mais le plus souvent nous sommes en relation avec les conseillers agricoles de groupes de viticulteurs, comme ceux des Chambres d’Agriculture ».
Les nématodes sont extraits de l’échantillon et décomptés. « Cela nous donne une première idée de l’activité biologique du sol, avec des informations sur la décomposition des matières organiques ou sur le recyclage des éléments nutritifs » explique Cécile Villenave.


Ces organismes de la microfaune sont ensuite identifiés et regroupés selon leur comportement alimentaire. Ils peuvent être bactérivores, fongivores, prédateurs, ou phytophages. « En fonction de leur niveau dans le réseau trophique, ils jouent un rôle différent. Par exemple, les nématodes bactérivores et fongivores régulent les micro-organismes » illustre la responsable scientifique.
Les laborantins calculent ensuite l’indice de diversité et évaluent la stabilité du milieu en prenant en compte la hiérarchie entre les taxons. « Certains nématodes ne sont là que quand le milieu est riche en nutriments, d’autres révèlent qu’il est perturbé ».
Les viticulteurs obtiennent également des informations sur la minéralisation de la matière organique et l’état nutritif de leur sol, « l’idéal étant d’avoir un équilibre entre bactéries et champignons, ce qui est le cas dans 80 % des analyses ».
ELISOL leur donne aussi l’abondance des nématodes phytophages, « qui se nourrissent des racines sans forcément créer de dégâts ». Cette information leur sert par exemple à réaliser que leurs couverts végétaux concurrencent trop la vigne. « Et nous leur indiquons finalement la présence de nématodes phytoparasites. On sait que certains sont responsables de certaines maladies, comme Xiphinema index, qui transmet le court-noué en piquant les racines de la vigne » prévient Cécile Villenave.
Tous ces paramètres sont évalués sur une échelle de 1 à 10, triés par couleur, et regroupés dans un tableau récapitulatif pour aider le viticulteur à se repérer. Le rapport lui indique en plus à quel niveau il se situe par rapport à la moyenne des autres analyses.
L’analyse de la nématofaune peut l’aider à changer ses pratiques. « Quand les indicateurs d’abondance ou de diversité sont mauvais, le plus souvent, le mieux est de réduire les perturbations, implanter des couverts que l’on tond plutôt que travailler le sol, par exemple ».
La responsable scientifique recommande une analyse tous les deux ans pour voir si les leviers mis en place sont efficaces. Chacune coûte 261 € HT.