Les professionnels italiens misaient beaucoup sur Vinitaly, qui devait se tenir du 20 au 23 juin prochain, mais ils ont dû se résigner à un nouveau report du salon jusqu’au 10-13 avril 2022. « Les incertitudes permanentes sur la scène nationale et internationale et la poursuite des interdictions nous ont amenés à reprogrammer définitivement la 54e édition du salon en 2022 », a déclaré Maurizio Danese, président de VeronaFiere SpA. Néanmoins, les organisateurs du salon phare italien annoncent poursuivre leur collaboration avec le ministère de l’Agriculture et les professionnels pour soutenir la compétitivité des vins italiens.
Ainsi, la manifestation OperaWine en présence du Wine Spectator et des meilleures entreprises du secteur identifiées par le magazine américain reste programmée les 19 et 20 juin à Vérone. De même, plusieurs événements internationaux – en Russie, en Chine et au Brésil – sont maintenus, tout comme une édition spéciale B2B en présentiel à Vérone du 16 au 18 octobre. Mais pour le secteur italien, cela reste un pis-aller : « Nous demandons au gouvernement de prendre en considération le grand préjudice économique que cette décision entraîne », a exhorté pour sa part Riccardo Ricci Curbastro, président de Federdoc.
Malgré cette déception, force est de constater que le secteur vitivinicole italien tire un peu mieux son épingle du jeu que certains autres pays producteurs sur les marchés export. En 2020, les exportations se sont maintenues, peu ou prou, avec une baisse en valeur de 2,3 % pour s’établir à 6,28 milliards d’euros. Sur le plan des volumes, l’Italie reprend la première place des exportations mondiales selon l’Ismea et l’UIV, avec plus de 20,8 millions d’hectolitres (-2,4 %), au détriment de l’Espagne.
Rappelons que les vins italiens n’ont pas été frappés par les surtaxes douanières aux Etats-Unis, ce qui leur a permis de limiter la chute sur ce marché à -5,6 % en valeur. Si la demande britannique s’est contractée de 6,4 % en valeur, le marché allemand, quant à lui, a affiché une hausse de 3,9 %. Il n’empêche que ce ralentissement global des exportations a entraîné une hausse des stocks estimée à 150 millions de litres pour un total de 69 millions d’hectolitres au 31 janvier 2021, selon les données publiées par l’organisme professionnel Coldiretti ; pour sa part, la Confagricoltura évoque un volume de 61 Mhl.
Le recul des exportations n’est pas l’unique cause de l’augmentation des stocks : la récolte italienne en 2020 s’est avérée supérieure aux premières estimations, le total étant désormais chiffré à 49 Mhl, malgré les mesures prises pour limiter la production. Bien évidemment, la fermeture du secteur CHR et des cavistes ainsi que la mise à l’arrêt du tourisme ont fortement pénalisé les ventes en 2020.
Ainsi, la Coldiretti demande au gouvernement « une distillation d'urgence visant les vins à DO et les IG dans le but de retirer de la consommation alimentaire au moins 200 millions de litres de vin ». Pour cela, la Coldiretti estime qu’il faut une aide « d’au moins 150 millions d'euros (valeur moyenne de 75 euros/hectolitre) par le biais d'aides nationales, étant donné le manque de disponibilité de ressources supplémentaires garanties pour la situation d'urgence par l'UE ».