e 28 décembre dernier, devant la progression du Covid-19 sur le territoire sud-africain, le président Cyril Ramaphosa a annoncé l’instauration d’une troisième interdiction de vendre de l’alcool sur le plan national, invoquant la nécessité de protéger la capacité des hôpitaux à faire face aux nouvelles hospitalisations. Tout en reconnaissant le bien-fondé de cette motivation, le secteur vitivinicole fustige un manque de transparence, d’explications claires et de définition de délais de la part du gouvernement. « Cette absence rend la planification et les plans d'urgence impossibles », dénonce Vinpro. Ce dernier estime que l’interdiction de vendre de l’alcool pendant 19 semaines au total depuis mars 2020 a coûté plus de 8 milliards de rand (soit quelque 433 millions d’euros) à la filière, sans parler de son impact social en termes d’emploi. La situation est d’autant plus préoccupante que les vendanges ont débuté cette semaine et que les stocks dépassent déjà 6,4 millions d’hectolitres dont 3 millions ne font l’objet d’aucun contrat d’achat. Cela, sachant que les estimations actuelles font état d’une bonne récolte, de l’ordre de 1,3 million de tonnes. « Face à l’impact dévastateur de cette troisième interdiction sur la filière vitivinicole, Vinpro se voit dans l’obligation de se pourvoir devant la Cour Suprême du Cap », a annoncé l’organisme ce 27 janvier. « Vinpro ne dit pas qu'une interdiction de vendre de l’alcool ne se justifie pas lorsque les hôpitaux et en particulier les unités de traumatologie sont sous pression. Cependant, nous pensons que, non seulement la gestion de la vente au détail d’alcool pendant l'état de catastrophe nationale a été confiée au mauvais niveau de gouvernance, mais que le gouvernement a utilisé et conservé des interdictions à l'échelle nationale qui sont d’une portée trop large, qui sont inutiles, injustifiées et, dans les faits, contre-productives ».
Ainsi, le secteur considère qu’il faut une approche « plus souple et plus réactive, basée sur des données empiriques crédibles, où l'exécutif provincial devrait être habilité à gérer la vente au détail d'alcool pendant la durée de la pandémie… » C’est cette stratégie qui sera défendue par Vinpro lors d’une audience prévue le 5 février. Dans un premier temps il sera question de demander le transfert du pouvoir de décision concernant la levée de l’interdiction au Premier Ministre du Cap-Occidental, puis la demande sera étendue à d’autres provinces. Pour étayer sa requête, Vinpro pointe le nombre de nouveaux cas, de cas existants et d’hospitalisations en baisse rapide à travers le pays, mais surtout dans la zone du Cap-Occidental. « Vu ces circonstances, l’interdiction de vendre de l’alcool ne se justifie plus du tout au Cap-Occidental », estime-t-il. Depuis le début de la pandémie, la filière sud-africaine a dû faire face, non seulement à cette mesure nationale, mais aussi à une interdiction d’exporter des vins ainsi que des défis logistiques colossaux au port du Cap. Malgré ce, les exportations se sont plutôt bien comportées en 2020. En effet, selon WOSA, si les volumes exportés étaient stables à 3 192 000 hl, les valeurs ont progressé de 7,7% pour atteindre 9,1 milliards de rands (soit 493 M€) grâce à la belle performance des qualités premium et super premium. « 2020 restera probablement dans les annales comme l'une des années les plus difficiles que le secteur ait jamais connu », note Siobhan Thompson, directrice de WOSA. « Malgré cela, nous avons appris à nous adapter et avons exploré des moyens créatifs pour dialoguer avec nos partenaires ».