l n’y a pas encore de fumée blanche, mais déjà quelques fumeroles indiquant que les vignobles volcaniques rentrent en ébullition. « Nous ressentons l’intérêt du public pour les vins volcaniques. Leur image est accessible pour le public en faisant appel à l’imaginaire. Ce sont aussi des vins d’altitude, aux profils plus frais et répondant à la demande du marché. […] Nous voyons l’intérêt commercial de certains vignerons naître, à nous d’être vigilants, ça se fera pas de la pédagogie » annonce Pierre Desprat, le président de l’association Vinora, ayant organisé le 30 janvier 2020 le premier salon international des vins volcaniques (500 visiteurs).
S’il n’y aura pas de salon en 2021, covid oblige, l’association planche sur la rédaction d’un cahier des charges international pour garantir l’origine volcanique d’un vin se revendiquant comme tel. « Nous ne voulons pas d’une marque privée, mais d’un label. Nous voudrions une certification avec un cahier des charges et un organisme de contrôle » explique Pierre Desprat, s’apprêtant à rencontrer début 2021 le comité national des vins AOP de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité). Ne s’interdisant rien en l’état, l’association prend une approche géologique stricte des parcelles volcaniques et peut ainsi envisager la création d’une mention complémentaire type « cru volcanique » pouvant être déployée sur certains terroirs (comme en Ardèche, dans les Côtes du Forez ou Pézenas).
Si l’intérêt des acheteurs, professionnels et amateurs, ne se dément pas, des questions reviennent inexorablement : « qu’est-ce qu’un vin volcanique et quelles sont ses différences avec les autres vins ? » Si Vinora compte encadrer la définition géologique des vins de terroirs volcaniques, l’enjeu de leurs différenciations organoleptiques restent en suspens. Pour apporter de premières réponses, l’association a lancé en septembre dernier une étude comparative dans le Puy-de-Dôme (financé à 20 000 € par le département).
Seront suivis les raisins, moûts et vins des parcelles appartenant à quatre vignerons différents pour étudier les différences chimiques et sensorielles des vins issus d’un même cépage (du gamay), de vignes d’âge sensiblement identique et des pratiques vitivinicoles identiques. Seul le sol change dans chaque essai, avec un terroir calcaire et un terroir de basalte.


Faisant appel à un bureau technique créé pour l’occasion, Vinora espère « voir quelles sont les différences, si tant est qu’il en existe » résume Pierre Desprat, qui annonce d’ores et déjà que le protocole se renforcera et continuera sur d’autres cépages et terroirs pendant plusieurs années. La publication des résultats chimiques, œnologiques et sensoriels sont prévus en mai prochains. Si des différenciations sont mises en avant, la création d’un label international des vins volcaniques n’en sera que plus facilité.
Assumant sa réputation de gardien du temple volcanique, Pierre Desprat défend une vision réduite aux seuls vins issus de parcelles volcaniques pour bénéficier de ce label. « Il faut sortir business, à nous d’avoir un cahier des charges terriblement précis et exigeant » estime le vigneron auvergnat (maison Desprat Saint-Verny), qui réfute tout esprit de rivalité avec d’autres organisations se revendiquant volcaniques. « Nous n’interdisons à personne d’utiliser ces termes, mais nous sommes vigilants sur la véracité de ce que doit être un vin volcanique » prévient-il.