Gérard Bancillon : On ne craint pas tellement pour les IGP, on craint pour les AOP rouges qui sont en difficulté. Elles l’étaient déjà la campagne précédente et on craint de voir affluer les volumes de rouges amenant à une chute des cours en IGP. Ce n’est pas seulement un enjeu d’AOP, ce sont les entreprises les plus performantes par leur valorisation en bouteille dans le CHR qui sont les plus impactées par le confinement. Ces entreprises n’ont pas de réseau de vente de vin en vrac, c’est pour ça qu’il faut ouvrir une distillation pour écouler les volumes qui n’ont pas de marché. Un prix de 78 €/hl comme au printemps avait permis de donner un signal de maintien des marchés.
N’ayant pas encore prorogé ses actes délégués pour valider l’aide au stockage, la Commission Européenne annonce ne pas envisager des fonds dédiés à la gestion de la crise viticole… Qui subventionnerait cette nouvelle distillation et quand devrait-elle avoir lieu pour vous ?Il est trop tard pour imaginer une distillation cette fin d’année, ce serait bien en janvier 2021. Le panel de solution utilisé lors du premier confinement a fait ses preuves : la distillation de crise, l’aide au stockage et les exonérations de charges. La mesure essentielle est la distillation, avec ces mesures en complément. Je ne suis pas capable de quantifier les volumes à distiller, mais les mêmes causes vont créer les mêmes effets : la Commission Européenne doit valider le même dispositif.
Plus le gouvernement français mettra la main à la poche, plus ce sera judicieux. Ce sera d’autant plus légitime que le gouvernement impose la fermeture du CHR et qu’il doit jouer le jeu : en fermant nos clients, il impose une dégradation de nos marchés. La filière pourra ensuite voir ce qu’elle peut faire. Mais c’est la seule à avoir pioché dans son Programme National d’Aides (PNA).
Lors du prochain conseil spécialisé vin de FranceAgriMer (ce 9 décembre), la filière vin va débattre d’autorisations de plantation différées de cinq ans, s’apparentant à des arrachages temporaires. Est-ce un bon levier pour vous ?Ce serait une très bonne chose, efficace rapidement. L’intérêt est de retirer immédiatement des volumes, en donnant le temps de trouver le moment le plus opportun pour replanter, ou pas. Ça dégagerait le ciel pour cinq années. Mais il n’y a pas une seule solution pour résoudre la crise actuelle.
Nous demandons l’étanchéité, mais ne sommes pas sûrs de l’obtenir. Nous avons créé un groupe de travail, mais nous ne trouvons pas de solutions avec l’administration pour une étanchéité réelle entre les segments. Il n’y a pas de solution toute faite.