Sans consensus fort sur la notion de minimis dans les vins, l’analyse de résidus ne pourra pas être utilisée comme critère de performance environnementale. Ses résultats resteront sujets à débats et à controverses » prévient Matthieu Dubernet, président du laboratoire éponyme.
Avec cinq confrères*, les laboratoires Dubernet ont participé au groupe de travail piloté par l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et défini les valeurs analytiques en dessous desquelles 220 substances actives sont considérées comme absentes d’un vin. Pour y parvenir, ils ont épluché 10 000 analyses et étudiés 199 itinéraires viticoles et œnologiques, et préparent déjà une deuxième version de leur guide.
Libre désormais aux laboratoires d’intégrer les minimis à leurs bulletins d’analyses. Les laboratoires Dubernet ont choisi de le faire. « Pour ne pas propager l’idée d’un zéro analytique, qui n’existe pas, nous avons rajouté une ligne en indiquant « non signifiant », explique Matthieu Dubernet. Quand les majorités des opérateurs connaîtront cette notion, nous pourrons écrire « valeur inférieure à minimis ».»
Le chemin sera long avant que les minimis soient connus (et reconnus) par toute la filière. L’IFV a organisé un webinaire ce 5 novembre pour faire connaître cet outil. « Et il y a deux semaines, nous avons présenté les minimis à l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV). Il va falloir que tout le monde s’habitue à ce nouveau concept avant que l’OIV ne le réglemente, témoigne Matthieu Dubernet. Nous en avons également parlé aux organismes de certification des vins bio. Avec les « ppb », ils utilisent déjà des minimis sans le savoir. L’outil pourrait également servir à labeliser les vins « sans résidus ».»


Dans quinze jours, les experts présenteront leur démarche à la répression des fraudes. Matthieu Dubernet espère que tous les acteurs de la filière feront bientôt la promotion des minimis. « Nous pourrons alors la faire valoir auprès des instances et mettre un terme à l’hystérisation des débats autour des résidus de produits phytosanitaires. »
En pleine campagne promotionnelle, le groupe de travail continue à plancher sur la méthodologie de définition des minimis. « Il faut qu’elle soit statistiquement incontestable pour faire l’unanimité » conclut Matthieu Dubernet.
*Les laboratoire GIRPA, Excell, Phytocontrol, Exact, et celui des Grands Chais de France