’an passé, les vins d’Alsace ont repris du poil de la bête. Tombé à un point bas de 909 000 hl en 2018, le rythme de vente était repassé à 932 000 hl dont 28 % de crémant. 55 % des 749 metteurs en marché avaient amélioré leur performance commerciale pour permettre au vignoble d’afficher un progrès global de 2,5 %, un pourcentage cependant davantage à porter au crédit du crémant (+ 6,8 %) que des Alsace tranquilles (+ 0,9 %). Patatras avec la covid19. A fin mai, les trois quarts des metteurs en marché étaient en sous-réalisation sur l’année précédente, les ventes de l’ensemble du vignoble chutaient de 21 %. Les entreprises commercialisant entre 400 et 5 000 hl accusaient un retard de 11,2 %, contre - 9,7 % à celles vendant moins de 400 hl et - 3,7 % à celle d’une taille supérieure à 5 000 hl. « La perte se chiffre à 9,4 millions de bouteilles » note Gilles Neusch, directeur du conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa). Cette donnée extrapolée sur l’année risque de ramener les ventes du vignoble à 830 000 hl pour 2020, soit un recul estimé de 8 %.
Le recul des ventes gonfle mécaniquement le stock. Fin avril 2020, il culmine à 53 mois de vente chez les entreprises vendant moins de 400 hl par an. Il descend à 34 mois dans celles écoulant entre 400 et 5 000 hl et à 25 mois dans celles traitant plus de 5 000 hl/an. Si ces chiffres intègrent une prévision de récolte 2020 de 1,1 Mhl (à 70 hl/ha) sur ses 15 624 ha en production, le vignoble disposerait en moyenne à la fin de l’année de 32 mois de stocks de vins tranquilles à commercialiser…
Qu’adviendra-t-il des prix des raisins inscrits dans les contrats ? En 2019, ils reculaient sur 2018 de 3 à 7 cents/kg selon les cépages, le riesling affichant par exemple une moyenne de 1,55 €/kg et le gewurztraminer 2,07 €/kg. Quant au marché du vrac, il est désormais réduit à la portion congrue. En 2018/2019 comme en 2017/18, les échanges ont porté sur 111 800 hl contre encore 212 000 hl en 2011/12 au plus fort des dix dernières années. Le cours moyen record de 3,06 €/l tous cépages confondus atteint en 2015/2016 est revenu à 2,10 € en 2018/2019. Il se maintient à 2,09 €/l sur les sept premiers mois de la campagne 2019/20 pendant lesquels les transactions ont porté sur 72 642 hl.