pération pédagogie pour les merrandiers et tonnelliers français, qui rencontrent cette fin juin la députée du Nord Anne-Laure Cattelot, qui finalise actuellement un rapport pour le gouvernement sur sur l’avenir des forêts françaises. Un sujet potentiellement sensible pour la filière de la tonnellerie, qui s’inquiète de certaines propositions mises sur la table par les associations environnementales pour sanctuariser des arbres centenaires (comme le collectif SOS Forêt France, qui propose de réduire les prélèvements de biomasse et de laisser 25 % des forêts en libre-évolution).
« Couper un arbre de 200 ans peut choquer l’œil du public. Mais si nous avons la chance de bénéficier aujourd’hui d’arbres de 200 ans, c’est grâce au travail d’entretien de plusieurs générations » pose Jean-Luc Sylvain, le président de la Fédération des Tonneliers de France. « Certaines parties prenantes prônent la mise sous cloche, estimant que la forêt est sacrée et que les arbres sont des monuments historiques » renchérit Vincent Lefort, président du Syndicat des Mérandiers de France, estimant que « cette vision est réduite, il faut que les forêts vivent avec un cycle vertueux de croissance, d’éclaircissement, de régénération et de dernière coupe pour permettre le développement d’une nouvelle génération ».


Présentés lors d’une rencontre dans la forêt de Bercé (Sarthe), ces arguments espèrent éclairer les décisions du rapport de la députée Anne-Laure Cattelot. Les merrandiers et tonneliers mettent en avant la gestion globale de la forêt, dans ses fonctions économiques et sa durabilité écologique). « Les détracteurs pensent qu’il y a une déforestation en France. Mais ce n’est pas l’Amazonie, la France gère en bon père de famille ses forêts depuis 350 ans* » souligne Jean-Luc Sylvain.
Le tonnelier bordelais ajoutant qu’« il y a une frange de la population qui remet en cause la gestion française des forêts en s’imaginant qu’il s’agit de surconsommation de bois. Ce n’est pas le cas, la position de l’Organisme National des Forêts (ONF, dont la filière est le premier client en valeur) est de ne pas couper plus que la forêt ne peut produire (en témoigne la hausse des cours du chêne). Il n’y a pas de coupe rase, à blanc, en France, mais de la régénération. Quand on coupe un arbre, c’est que la prochaine génération est prévue. »
Rejetant les projets de transformation des forêts françaises en zones de loisir, les deux syndicats défendant une vision de sylviculture durable. « Les essais de réserves biologiques en forêt conduisent les arbres à tomber, ça devient un cimetière d’arbres » assène Vincent Lefort. « Nous avons besoin de bois de futaies régulières » martèle Jean-Luc Sylvain, rappelant que 70 % des bois utilisés par la tonnellerie proviennent des forêts domaniales françaises. « Le format de futaie régulière permet de produire des chênes réguliers en grain, en croissance et très droits. Ce qui donne une matière sans défaut pour produire des barriques de grains fins » explique Vincent Lefort, soulignant que le débat sur l’utilisation des forêts est également un « enjeu pour la filière des vins et spiritueux. Nous sommes l’un des maillons de cette filière. Modifier la sylviculture aurait de grands impacts. »
Le rapport devrait être finalisé ce début juillet, avec des suggestions d'action sur la « politique forestière française », comme demandé par l’exécutif.
* : « Le format de futaie régulière dans grandes forêts françaises existe depuis la décision de Louis XIV et de Colbert pour répondre aux besoins de la marine » explique Vincent Lefort.