aut-il craindre une pénurie de produits phytosanitaires ? « Il y a eu quelques tensions au début du confinement, à cause de fermetures temporaires d'usines un peu partout dans le monde, le temps que tout le monde s'organise », résume Jean-Baptiste Barbazanges, directeur du réseau de distributeurs Actura. Ce fut par exemple le cas chez UPL. Son usine de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) qui fabrique des cuivres, a été arrêtée pendant dix jours au début du confinement. Et celle de Bassens (Gironde) qui produit des soufres comme le Fluidosoufre a été à l’arrêt pendant plus d'un mois. Malgré tout, Laurent Oudin, chef marché vigne, arboriculture et maraîchage chez UPL, reste positif : « Nous avions des stocks, normalement cela ne devrait pas pénaliser les viticulteurs». Mais l'autre soucis ce sont les transports: des retards viennent gripper la chaîne d'approvisionnement
Chez le négoce d'appros CIC en Gironde comme à la CAPL, une coopérative basée dans le Vaucluse, ce sont les soufres qui inquiètent. « Les produits venant de l'étranger arrivent au compte-goutte », illustre Thierry Favier, responsable technique vigne à la CAPL. Comme les soufres poudres d'Ascenza venant du Portugal, et d'Afepasa, en provenance d'Espagne. Thierry Favier reste malgré tout positif : « Si la campagne poudrage s’annonce comme en 2019, on devrait y arriver. La psychose avec les brûlures de la campagne dernière risque de freiner les applications ». Chez CIC, des retards de bateaux provenant d'Inde ont causé quelques inquiétudes pour l’approvisionnement en Azzurri, le soufre mouillable de Vivagro « Mais on trouve d'autre solutions, avec des produits équivalents indique Sébastien Rieublanc, responsable technique du négoce, qui a remplacé l’Azzurri par du Thiovit. Je conseille aux viticulteurs de ne pas être fixés sur un produit ou une marque mais de regarder la matière active ». Pour Jean-Baptiste Barbazanges, « Je ne vois pas de pénurie pour les prochains mois, même s'il faut rester vigilant ». La pénurie pourrait se faire sentir pour la campagne 2021. Car si les usines françaises, qui actuellement tournent toutes, sont spécialisées dans la formulation des produits, les matières actives viennent d'ailleurs, notamment de Chine et d'Inde.