udovic Greffier le répète : « Il faut montrer qu’à Bordeaux, même si la situation est terrible, il faut relever la tête coute que coute, et ne pas rester dans l’attentisme. Il faut se remuer". L’attentisme ? Très peu pour ce viticulteur de 39 ans, cinquième génération à la tête de château Moulin de Launay, propriété familiale de 74 hectares, à Soussac, en Gironde, AOC Entre-Deux-Mers, qui écoule 70% en vrac, 30% en bouteilles (CHR, Grande distribution).
Dès la fin septembre 2018, il comprend que cela va être difficile d’écouler le vrac. Certes il peut compter sur le suivi qu’il a avec trois négociants lesquels prennent 800 hl. Sauf qu’il lui reste 1200 hl sur les bras. « A cette date, il n’y avait pas de demandes de la part du négoce. Et les prix au tonneau proposés ne dépassaient pas 850 € /T, alors qu’habituellement l’AOC Entre-Deux-Mers se négocie autour de 1200€/T. J’ai gardé mon vin mais il n’était pas question que je morfonde" explique-t-il. Du coup, Il relance régulièrement son courtier, démarche les négociants. Et explique sa stratégie, les forces de la propriété.
Il rappelle qu’il est spécialiste du blanc, qu’il travaille cinq cépages (sauvignon blanc, sauvignon gris, sémillon, muscadelle, ugni blanc). Il donne un aperçu de son travail : des vendanges à pleine maturité, une macération pelliculaire de six à douze heures suivant les cépages, un pressurage doux avec un pressoir pneumatique. Tout comme une stabulation des mouts à froid pouvant aller jusqu’à dix jours. Il indique qu’il vise la certification HVE 3 (obtenu en mai 2019), la certification Végan sur toute la production (décrochée en juin 2019). Et enfin explique qu’il veut tirer parti de ses cinq cépages en créant une gamme de mono cépage (une cuvée 100% muscadelle, et une cuvée 100% sauvignon gris). Bref, ses vins sont médaillés, l’homme a de la ressource.
En octobre 2019, il signe avec un négociant qui cherchait un Entre- Deux -Mers, au profil de vin porté sur le fruit, sans trop d’acidité, pour des marchés export. Ce dernier s’engage sur les 1200 hl du millésime 2018. Une première retiraison a été effectuée fin décembre dernier. Deux autres sur 2020. Le tout a été négocié à 1000€ du tonneau. « Compte tenu du marché à l’arrêt et du volume pris par ce négociant, j’estime que le prix est correct " lâche-t-il. Ce n’est pas tout. Ce même négociant s’est également engagé sur 580 hl du millésime 2019 à 1150€ /T. Un contrat écrit. Le vrac restant étant pris par les autres négociants avec qui un suivi a été institué. Ludovic Greffier l’avoue : « Je tire mon épingle du jeu".