’était le vendredi 27 mars dernier, 8 heures du matin. Ce jour-là Solange Bernadet ouvre les volets de sa maison, située à 1,5 kilomètre de Prayssac, dans le Lot, et à 500 mètres des vignes de son voisin viticulteur. L’odeur la saisit à la gorge : « cela sentait le brulé, mais surtout il y avait un brouillard très épais, cotonneux. Tout le vignoble des alentours était recouvert de cette couche blanche et opaque » se remémore la retraitée.
Le collectif Basse Vallée du Lot Santé Environnement qui ne compte qu’une dizaine de membres, n’est pas resté les bras croisés. Son président Philippe Cadoux a écrit le 4 avril dernier, au député, à la sénatrice du Lot et au préfet du lot qui aurait accordé aux viticulteurs, la possibilité d’allumer des feux végétaux entre le 26 mars et le 6 avril dernier, en prévention des dégâts du gel. Dans son courrier Philippe Cadoux rappelle « le brouillard de fumées tellement épais que la visibilité était réduite à quelques mètres ». « Nous avons tous la gorge irritée. Tous les riverains se plaignent » déplore-t-il. Et d’expliquer que « des engrais organiques et des produits chimiques ont été déjà déposés dans les vignes avant cette opération d’enfumage ». « Notre santé est déjà mise en péril par tous les épandages et pulvérisations aux pesticides qui caractérisent la vallée du Lot » ajoute -il. Pour l’heure, ni le préfet ni le député et la sénatrice n’ont répondu à son courrier.


Didier Pelvillain, à la tête du vignoble éponyme (52 ha à Albas et Prayssac) a vu les bottes de pailles disposées au pied des vignes des deux viticulteurs à Prayssac, quelques jours avant le 26 mars, qui ont procédé à l’enfumage. « Ces vignes sont situées sur le haut de la colline, et sujettes au gel. Les récoltes ont gelé en 2017 et 2019. Il faut comprendre que les viticulteurs essaient de les préserver ». Didier Pelvillain n’utilise pas la technique de l’enfumage pour ses propres vignes : « A cause de l’intolérance des riverains, je ne souhaite pas allumer des feux de végétaux » lâche-t-il.
Contacté par Vitisphere, les viticulteurs qui ont pratiqué l‘enfumage n’ont pas réagi.