Docteur Gaëtan Deffontaines : Nous sommes sur une situation évolutive par rapport à l’utilisation des masques, mais rien n’est illogique. D’abord les masques n’arrivent qu’en complément de l’application des gestes barrières et de la distanciation sociale pour enrayer l’épidémie. Cela est vrai à l’heure actuelle et le restera au moment du déconfinement. Ensuite, il faut rappeler que les masques interviennent contre une transmission de l’agent infectieux par gouttelettes. [Avec le coronavirus, nous sommes dans] le contexte d’une transmission interhumaine d’un virus par contact de proximité et par voie d’entrée respiratoire. Face à l’ampleur inimaginable de cette crise, il y a eu une priorisation des denrées disponibles.
Il existe différents niveaux de masques. Les FFP2 dont on parle beaucoup sont des équipements de protection individuelle (EPI) qui filtrent l’air et protègent le porteur ; ils sont réservés aux soignants qui interviennent à grande proximité de personnes dont il est avéré qu’elles sont malades. Les masques dit ‘chirurgicaux’ sont des masques sanitaires. Normés et jetables, ils permettent de limiter la propagation du virus dans l’entourage d’un malade et protègent le soignant qui est plus proche des patients que les distances conseillées. Concernant les futurs masques textiles, il s’agit de masques non-sanitaires conçus pour éviter que la personne qui le porte ne projette le virus. Ils ont été récemment normalisés en deux catégories : Les masques en tissu de catégorie 1 seront destinés aux personnes accueillant du public, pour, le masque ayant également un pouvoir filtrant. Pour la catégorie 2, le filtre est moindre et il s’agit d’une utilisation dans la vie sociale. Quel que soit leurs indications, tous les masques sont des compléments des mesures barrières et de la distanciation sociale.
Ces masques textiles sont-ils à déployer dans le milieu professionnel ?
La production de ces masques est en cours, ils ne sont pas encore sur le marché. On peut imaginer dans les semaines qui viennent que l’on soit amené dans certaines situations de travail à conseiller le port de masques non-sanitaires. Dans certaines conditions où la proximité est nécessaire entre personnes, cela pourrait être une préconisation supplémentaire. On peut imaginer que ces masques soient utilisés plus largement dans les semaines qui viennent dans le cadre social et au travail. Mais tout en restant très vigilant à l’application complète des gestes barrières et de la distanciation sociale. Ces masques limitent le fait qu’un malade, symptomatique ou non, excrète le virus vers l’extérieur. La finalité des masques n’est pas de protéger le porteur, mais de se protéger les uns les autres.
On ne peut pas écarter l’intérêt de protéger son visage pour ne pas excréter le virus à l’extérieur. Les masques faits maison pourraient dans ce sens avoir une relative efficacité. Mais cela ne protège pas directement le porteur. Le risque d’une promotion sans explication suffisante [de la consigne d’utilisation des masques] risque de faire croire qu’il suffit d’en porter pour se protéger, alors qu’ils arrivent en complément des gestes barrières et de la distanciation sociale. [Dans la filière vin], il faut organiser au mieux le travail en suivant les fiches de consignes produites par la MSA. Disponibles en ligne, ces fiches permettent de mettre en œuvre les bons gestes épidémiologiques. La priorité est de maintenir les distances sur les ateliers, dans le vestiaire (une personne à la fois), dans la gestion des véhicules (deux passagers au maximum et placés en quinconce)… Le port de masque viendra se greffer en plus dans certaines situations.
En pratique, quel est le mode d’emploi d’un masque pour garantir son efficacité ?
Porter un masque, c’est se nettoyer les mains avant de le porter. Puis le garder le temps nécessaire, mais dans la limite de sa durée maximale d’utilisation (moins de 4 heures). Il faut ensuite l’enlever en le prenant par derrière et éviter de toucher la partie faciale. S’il est jetable, il faut le mettre dans un sac étanche (dédié dans le cadre de l’activité professionnelle). S’il est réutilisable, comme les masques en textile, il faut organiser le lavage quotidien (30 minutes à 60°C). Mais ça ne remplace pas les autres mesures. C’est du fait du confinement, de la distanciation sociale et des gestes barrières qu’il y a un effet antiépidémique certain.
* : Pour télécharger le modèle validé par l'AFNOR, cliquer ici. Pour lire l'avis de l'Académie Nationale de Médecine sur ce sujet, cliquer là