En décembre dernier, le marché avait bien démarré. Les demandes de négociants habitués à se couvrir tôt, étaient là. Début février, le marché s’est ralenti. Une situation qui s’explique par les vins bloqués en janvier dans les ports de Marseille et du Havre en grève, les taxes Trump, le marché chinois en berne, et enfin le coronavirus " constate le courtier, Gilles Prince. Du coup les prix régressent : en début de campagne, ils oscillaient entre 4000 et 4500 €/T (un prix identique à la même période que l’an passé), contre 3800 à 4200€/T aujourd’hui.
« Je suis inquiet » lâche le courtier. Inquiétude aussi chez Pierre Debacque qui exploite 1ha en Saint-Emilion (90% en vrac). «Il n’y a pas de demande. Le marché est à l’arrêt » confie-t-il. En décembre, les courtiers sont bien venus chercher des échantillons. Le négoce a dégusté. Depuis silence radio. En février, il a sollicité un emprunt de trésorerie auprès de sa banque pour couvrir ses frais de fonctionnement. La banque lui a accordé 30 000 €.
Thomas Debacque du château Melin, 10,5 ha, qui vend entre 50 et 70% de sa production en vrac, constate un ralentissement depuis janvier dernier : « Le négoce reste très prudent. Je suis dans l’incertitude". Malgré tout, ce viticulteur a un suivi depuis trois ans avec le même négociant. Ce dernier s’est engagé sur 220 hl qu’il enlèvera d’ici fin avril, à 4300€/T, soit 100 € de moins que l’an passé. Thomas Debacque garde espoir : « Nous sommes privilégiés par l’AOC Saint-Emilion qui bénéficie d’une bonne image. On est moins impacté que les Bordeaux » indique-t-il.