vant tout roman d’enquête et de suspens, l’Année du gel d’Agathe Portail (éditions Calmann Lévy, 370 pages) propose à ses lecteurs de résoudre une énigme : qui a enfermé jusqu’à la congeler une femme dans la chambre froide du fictif château Haut Méac ? Au-delà d’une enquête policière à tiroir, Agathe Portail dresse dans son premier roman un portrait en creux de la réalité viticole.
S’inspirant de son expérience personnelle et professionnelle (elle a géré les relations publiques d’une union coopérative), elle parsème son livre de détails concrets. Se passant en juin 2017, son roman s’inscrit dans les répercussions du gel du printemps 2017, qui a non seulement ravagé des pans entiers du vignoble, mais aussi des trésoreries et le moral des producteurs. Travaillant jour et nuit malgré les dettes, les contrariétés administratives et le délabrement de sa propriété familiale, le vigneron présent dans l’Année du gel ne cache pas sa fatigue.


Parcourant ses parcelles de nuit, « les heures de travail à la lueur de sa lampe frontale le rangeaient dans une catégorie bien particulière de viticulteurs. Au choix : celles des utopistes qui pensaient pouvoir compenser par un travail acharné l’ingratitude de la vigne, ou celle des imbéciles qui tentaient par tous les moyens de se passer des bras supplémentaires indispensables étant donné la surface de leur exploitation. »
Pour trancher la question, le livre d'Agathe Portail est dédié aux « viticulteurs travaillant à la frontale ».