Rogner ou éclaircir est sans effet sur le stress hydrique
Des essais ont été menés pour vérifier si la réduction du volume de la végétation ou de la récolte étaient susceptibles de réduire le stress hydrique de la vigne : ni la vendange en vert, ni l’éclaircissage, si le rognage, même sévère, n’ont d’impact sur la contrainte hydrique. Ils permettent en revanche de retarder la maturité. Avec le rognage par exemple, on observe un retard de 10 à 15 jours de la maturité avec un maintien du niveau d’anthocyanes.
2 Les filets sont efficaces sur la gestion de la maturité
L’IFV a également testé les filets d’ombrage à poser sur la végétation. Si les filets sont occultants à plus de 50%, les résultats sont très positifs tant sur la contrainte hydrique, qui est diminuée, que sur la maturité qui est décalée de 7 à 10 jours. En revanche, la teneur en anthocyanes des raisins est inférieure au témoin sans filet.
3 La brumisation fait ses preuves
La brumisation a également été expérimentée et a donné des résultats très spectaculaires : « Ce brouillard d’eau permet de maintenir des températures fraîches au niveau du feuillage pendant les périodes caniculaires. On préserve un feuillage bien vert et le poids des baies est préservé. La maturité est décalée. Il n’a pas été observé d’impact sur le développement des maladies. Nous l’avons mis en œuvre au mois d’août en situation très sèche, avec une faible pression parasitaire. Mais nous avons consommé la même quantité d’eau que l’irrigation. C’est une technique intéressante mais qu’il faut qu’on affine », confie Jean-Christophe Payan, en charge de ces essais à l’IFV.
Vinichar, une piste à creuser
Enfin un essai a été mené avec l’apport au sol de de Vinichar, substrat hydrorétenteur obtenu à partir des pulpes et marcs de raisin, traités thermiquement. Sur deux parcelles d’expérimentation en Ardèche, ce produit a donné d’excellents résultats, montrant son efficacité sur quatre critères : le potentiel hydrique foliaire de base, le poids des baies, la croissance des apex et le Delta C13 (indicateur de stress hydrique). Les résultats ont été moins probants sur deux autres parcelles dont une dans l’Hérault à densité élevée (10 000 pieds/ha). « Au vu des résultats obtenus en Ardèche, c’est une piste qui mérite d’être creusée », estime l’ingénieur de l’IFV.
« Il n’y a pas une solution miracle. La clé se trouve certainement dans la mise en œuvre couplée de plusieurs pratiques qui chacune, à leur niveau, vont contribuer à réduire le stress hydrique de la vigne », conclut-il.
En Languedoc, l’été a été chaud, très chaud. Le changement climatique s’est à nouveau affirmé avec le cumul de trois événements majeurs : le coup de chaud du 26 juin avec un record de température à 46°C à Verargues, la canicule du mois de juillet et la sécheresse durant toute la période estivale avec pour conséquence induite un accroissement de la fréquence et l’importance des incendies.
Un coup de chaud inédit en France
« Le coup de chaud du mois de juin est un phénomène qu’on ne connaissait pas en France. Les dégâts ont été très spectaculaires, avec des feuilles et grappes complétement desséchées, et hétérogènes. Si le niveau de température a été déterminant, certains facteurs ont pu aggraver les dégâts comme les traitements au soufre dans les jours précédents l’épisode caniculaire, le rationnement hydrique de la vigne, l’enracinement superficiel, notamment dans les plantiers et une faible densité de feuillage. Cet événement est survenu alors que la vigne n’était pas en stress hydrique. Ce n’est que plus tard dans la saison, que la sécheresse s’est installée et que la vigne a souffert de la contrainte hydrique », a rappelé Jacques Rousseau, lors des Entretiens Vigne vin 2020 organisés ce jeudi 16 janvier à Montpellier.
Un poids des baies diminué de 12%
Ces conditions climatiques ont eu un fort impact sur la taille des baies. Sous l’effet de la sécheresse et de la canicule, les raisins n’ont pas grossi, le poids des baies est inférieur de 12% à celui de l’an dernier. Autre caractéristique du millésime : de très faibles teneurs en acide malique, qui a été dégradé par les fortes températures, des degrés élevés car le raisin s’est concentré, une maturité phénolique difficile à atteindre et des polyphénols qui sont restés agressifs.