ennifer Niem, doctorante au sein de l’université australienne Charles Sturt, s’est focalisée sur les infections cryptogamiques à l’origine des maladies du bois de la vigne. Dans le cadre de son étude, financée en partie par Wine Australia, elle a collecté différentes souches de bactéries du genre Pseudomonas sur des vignes situées dans le Wagga Wagga, à Hilltops et dans la Hunter Valley en Nouvelle-Galles du Sud. La capacité des différentes souches à inhiber des champignons provoquant les dépérissements à Botryosphaeria et l’eutypiose a été testée en laboratoire. Les souches les plus efficaces ont de nouveau été testées, cette fois sur des vignes pour mesurer leur capacité à éradiquer l’infection par les maladies du bois in situ. « Une souche en particulier s’est montrée très efficace, permettant de réduire de 80% le taux d’infection » a déclaré la chercheuse. La souche a ensuite été introduite dans le matériel végétal des pépinières et dans des vignes en pot sous serre. « Nous avons plongé des boutures dans des suspensions bactériennes et avons observé que les bactéries ont été absorbées par les boutures. Cette méthode pourrait potentiellement être employée par les pépiniéristes à l’avenir pour protéger leurs plants ». La chercheuse a également injecté les bactéries dans des vignes en pot : au bout de six mois, le plant a été entièrement colonisé par les bactéries. Il est à noter que l’efficacité des bactéries du genre Pseudomonas a déjà été identifiée dans la lutte contre des maladies telles que le mildiou et la gale de la pomme de terre.
Pour la professeure agrégée Sandra Savocchia de l’université Charles Sturt, il s’agit d’une découverte particulièrement prometteuse car la souche bactérienne identifiée a non seulement montré son efficacité dans la lutte contre les maladies du bois de la vigne, mais « elle a démontré son aptitude à s’établir et à coloniser la vigne ». La découverte est d’autant plus intéressante que la pharmacopée contre les maladies du bois est quasi inexistante. Dans une étude publiée fin 2017, des chercheurs hispano-australiens ont détaillé l’impact de ces maladies dans de nombreux pays producteurs, affirmant qu’elles représentent « l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur la viabilité économique de la viticulture… » Pour la seule France, il est estimé que 12% des vignobles « ne sont pas viables économiquement à l’heure actuelle, principalement à cause de l’esca, avec une perte annuelle estimée à 1 milliard € ».