es vignerons qui pratiquent le curetage des ceps pour lutter contre l’esca ne se donnent pas du mal pour rien. Un nouvel essai réalisé dans le vignoble bordelais confirme que la technique est efficace. De 2014 à 2019, les chercheurs de l’ISVV de Bordeaux en collaboration avec la société Simonit & Sirch * ont évalué cette pratique dans une parcelle de sauvignon greffée sur 101-14 et plantée en 1994. En 2014, les expérimentateurs ont cureté des souches qui avaient exprimé des symptômes foliaires en été. Puis ils ont suivi l’évolution de ces ceps les années suivantes. Ils les ont comparés à des ceps non curetés qui présentaient des symptômes au démarrage de l’essai et à d’autres qui n’en présentaient pas.
Quel résultat au bout de cinq ans ? « La plupart des ceps curetés sont redevenus asymptomatiques », détaille Pascal Lecomte, chercheur à l’Inra et à l’ISVV de Bordeaux qui a participé à ces travaux. Effectivement, dans la zone curetée, cinq ans après l’opération, moins de 10 % des ceps sont morts contre près de 40 % dans la zone non curetée. Pour les ceps restants, 58 % n’ont jamais réexprimé de symptômes contre 15 % dans la partie non curetée. « On note toutefois une petite érosion de l’efficacité du curetage au fil du temps qui dépend de la qualité de l’opération », précise Pascal Lecomte.
Effectivement, le curetage demande le plus grand soin. A l’instar d’un dentiste qui soignerait une carie, il faut bien retirer tout l’amadou présent à l’intérieur des ceps. Sinon le cep dépérira à nouveau. Le curetage a-t-il un impact sur les rendements et la qualité ? « On peut avoir une baisse de rendement l’année qui suit le curetage. Mais il n’a aucun effet sur la qualité des vins », conclut Pascal Lecomte.
*Essai réalisé dans le cadre de la chaire industrielle GTD Free financée par Hennessy et l’ANR