Marre des retards
La profession viticole veut que l'Etat paye ce qu'il lui doit

A la veille de l’entrée en vigueur de la taxe américaine de 25 % sur les vins français, le conseil des vins de FranceAgriMer s’emporte contre les retards de paiement des aides européennes et l’inaction de l’Etat.
Hasard du calendrier ? Toujours est-il que le nouveau conseil des vins de FranceAgriMer désigné en juillet devait se réunir pour la première fois ce 16 octobre à deux jours de l’entrée en vigueur de la taxe américaine de 25% sur les vins français. La réunion n’a pas eu lieu. A la place, les responsables professionnels de la production et du négoce ont convoqué la presse pour s’exprimer.
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« Trop c’est trop. Il y a des actions de promotion sur les pays tiers que nous n’arrivons pas à mener parce que l’administration ne nous écoute pas, tempête Michel Chapoutier, président d’UmVin, la fédération du négoce. Et là-dessus arrivent les taxes US ! Nous avons décidé de quitter la salle car l’administration nous lâche. »
« Nous alertons depuis longtemps les pouvoirs publics sur le fait que les règles du jeu sont plus tendues en France que dans les autres pays européens, poursuit Stéphane Héraud, président de l’AGPV, l’association générale des producteurs de vin. Des demandes d’aide à la promotion dans les pays tiers ont été finalisées en 2014 et en 2015 et elles ne sont toujours pas payées. C’est inadmissible. »
Ces retards et dossiers en souffrance s’élèveraient à 30 millions d’euros pour la période 2014 2017. Cela, alors que FranceAgriMer n’a pu verser que 265 millions d’euros d’aide à la viticulture, à la date fatidique du 15 octobre, sur les 280,5 millions d’euros disponibles. Ces 15,5 millions d’euros sont retournés au budget de l’Union européenne. Une première depuis la nouvelle OCM.
« L’Union européenne exige que les dossiers d’aides soient soldés au bout d’un an. La France ne respecte pas cette règle et n’a pas de problème avec cela alors qu’elle nous impose des tas de règles que les autres n’ont pas. Il y a une volonté de tuer l’aide à la promotion dans les pays tiers », Michel Chapoutier tacle l’Etat français.
Ces difficultés deviennent intolérables pour la filière alors que la taxe américaine s’annonce extrêmement préjudiciable. « Nous demandons au plus haut niveau de l’Etat que la diplomatie joue son rôle pour éviter cette sanction. Nous demandons aussi qu’il nous paie ce qu’il nous doit », réclame Jérôme Despey.