e projet d’arrêté ZNT riverains a été l’un des sujets centraux menés lors des réunions régionales. Quelle est la position du syndicat général des vignerons de la Champagne sur le sujet ?
D’abord, je rappelle que si ce texte venait à être mis en œuvre, ce sont plus de 800 hectares de vignes qui seraient purement et simplement rayés de la carte en Champagne. Ce n’est pas acceptable ! D’autant, que nous travaillions à la rédaction d’une Charte riverains qui était en passe d’être terminée. Les maires et les collectivités étaient sur le point de la signer. Ce texte était une très belle opportunité pour les vignerons de Champagne de communiquer sur leur métier ! Vouloir imposer des ZNT riverains et une deuxième version de Charte riverains, plus contraignante, n’a pas de sens dans ce contexte de collaboration et de co-construction. Par ailleurs, je remarque que c’est le parlement qui a choisi, en 2018 dans le cadre des EGAlim, d’instaurer des Chartes riverains et d’écarter les ZNT riverains. Pourquoi remettre en question un texte voté il y a seulement un an par le parlement ?
La Champagne s’est fixée des objectifs environnementaux avec une sortie des herbicides d’ici 2025 et 100 % des entreprises viticoles ayant une certification environnementale d’ici 2030. Comment accompagner cette transition ?
Nous avons fixé des objectifs ambitieux pour la Champagne en matière d’environnement. Et pour réussir cet objectif, nous allons miser plus que jamais sur le collectif. Il sera déterminant pour les 16 000 exploitations, soient 35 000 hectares, qui vont s’engager dans cette modification de pratiques. Le syndicat va impulser la mise en place de groupes de travail de viticulteurs pour bâtir et créer l’émulation. Ils permettront de générer des synergies avec les exploitations qui ont déjà mis en place des pratiques respectueuses de l’environnement. Cuma et GIE seront également mis à contribution pour gérer et optimiser les coûts.
La Champagne se mobilise, peut-être davantage que d’autres régions viticoles françaises, sur la prorogation des autorisations de plantation au-delà de 2030. Le président de la République a pris position en faveur de cette prorogation. Est-ce suffisant ?
Nous accueillons très positivement la position présidentielle en faveur du maintien des autorisations de plantation au-delà de 2030. Tout comme nous saluons l’allocution du ministre de l’Agriculture à l’Assemblée nationale qui va dans le même sens. Mais, la route est longue avant d’obtenir que l’Europe s’engage à repousser le système des autorisations de plantation à 2050. La France doit aller plus loin pour soutenir cette position et chercher un soutien auprès des autres Etats Membres. Si, un système de régulation a pu être maintenu lors de la dernière réforme de la PAC, c’est bien parce que le gouvernement français a su créer une plateforme entre Etats sur cette question. Or, à ce jour, nous ne voyons pas un tel engagement. Pour la Champagne, le système de régulation des plantations est vital. Sans lui, nous ne pourrions poursuivre notre politique d’élargissement de l’aire sans risquer de déstabiliser notre marché. Et, ce risque économique n’est pas l’apanage de la Champagne. Il concerne d’autres régions viticoles françaises !
Le syndicat a lancé l’an dernier une campagne de communication générique sur l’appellation. La vague printemps été vient de se terminer, y en aura-t-il d’autre ?
Nous continuons à dérouler la campagne communication selon l’agenda prévu et en poursuivant toujours le même objectif, celui d’interpeller le consommateur sur d’autres modes de consommation du champagne. A l’automne, une nouvelle vague d’affichage est prévue avec six nouveaux visuels, toujours dans le même esprit.
L’actualité est marquée par une forte opposition du monde agricole aux accords du Mercosur. Quelle est la position du Syndicat général des vignerons de la Champagne sur ces accords contestés ?
L’accord pose le principe de la protection du nom Champagne. Mais en pratique, il ne nous apporte aucune satisfaction. Il s’accompagne d’une longue période de transition, dix ans, pour mettre en place la protection de l’appellation dans les pays du Mercosur. La situation sur les marchés ne justifie plus une telle durée. L’accord prévoit également de consolider tous les usages actuels pour lesquels une marque antérieure a été enregistrée dans les pays du Mercosur. Un tel accord aboutirait à accorder aux producteurs de vins mousseux argentins et brésiliens un dispositif de « grandfathering », similaire à celui prévu dans l’accord sur le commerce des vins conclu en 2006 avec les Etats-Unis. Cela reviendrait à faire perdurer l’usage abusif de l’appellation Champagne par les vins mousseux du Mercosur. Dans ce contexte, nous, ainsi que le Comité Champagne, demandons que la finalisation de l’accord prenne toutes les dispositions nécessaires pour éviter que la coexistence entre marques et indications géographiques ne soit un prétexte à apposer le nom Champagne sur les étiquettes de vins mousseux.