abrice Camus, à la tête du Domaine de La lande à Monbazillac, donne le ton : « notre AOC se porte bien, mais nous ne voulons pas tomber dans l’immobilisme, avec l’image d’un Monbazillac associé seulement aux fêtes de Noel et aux vins de desserts. Nous voulons agir avant que ça aille mal pour notre appellation, en montrant aux consommateurs qu’il y a toute une gamme de Monbazillac et non un seul ". Pour ce faire, une petite poignée de jeunes vignerons, issu des cinq communes de l’AOC Monbazillac, s’est retrouvée pour concocter "Monbazillac en folie", une manifestation décalée, sur deux jours, les 8 et 9 juin derniers, susceptible d’attirer une cible jeune. Au menu, notamment, une course d’obstacle, baptisée « La botrytisée », sur 5 km entre vignes et bois, parsemée d’une vingtaine d’obstacles déclinant le métier, de la piscine à bouchons en passant par la montagne de sarments, ou encore le marc mouvant , qui a réuni 400 participants.
Au cours de ces deux journées, les dégustations de Monbazillac ont fait recette. Aucun nom de vignerons sur les bouteilles. "Nous avons opté pour des profils de vins, qui d’une certaine façon nous libèrent des clichés, tels que le vin en fin de repas pour les séniors " note Guillaume Barou, responsable de la section Monbazillac au sein de la Fédération des Vins de Bergerac et de Duras (FVBD). Au global 70 échantillons de vins de négociants, de producteurs et de la cave coopérative, ont été dégustés à l’aveugle. Cinq catégories de vins affublées de noms évocateurs ont été proposées. Ainsi "Pep’s", le moins intense, avec une partie aromatique très développée pour une cible jeune, "Signature", le cœur de gamme doté de concentration, d’arômes confites, "Coup de foudre", une cuvée en barrique, "Grains nobles" et enfin "Old Cuvée" millésime 2005.
Matthieu Simon et David Notteghem, jeunes vignerons de l’AOC, eux aussi se sont impliqués dans cette manifestation. « C’est une opportunité pour se faire connaitre et pour démontrer qu’il y a « des » monbazillac" répètent-ils. Venus du secteur de l’infographie et de la finance, ils se sont reconvertis. BTS viticulture œnologie en poche, les voilà partis battre la campagne en quête d’une propriété à reprendre. La rencontre avec Daniel Duperret, domaine de Combet, 30 ha (27 ha en Monbazillac, 3 ha en AOC Bergerac) sera décisive. Au 1 janvier 2019, Matthieu et David ont pris chacun 10% du capital. En 2022, lorsque Daniel Duperret partira à la retraite, ils rachèteront chacun 16% du capital, devenant majoritaires. En attendant, les projets sont là : boutique en ligne, refonte du packaging, des étiquettes, commercialisation en direction des CHR, nouvelles cuvées en préparation.