es visites diplomatiques ne semblent rien faire à l’affaire. L’obsession du président américain Donald Trump pour la taxation des vins européens en général, et français en particulier, ne faiblit pas. Après un tweet remarqué fin 2018, à la suite des commémorations du centenaire du 11 novembre, le milliardaire a profité d’un interview avec la chaîne CNBC, en marge des 75 ans du débarquement en Normandie, pour en remettre une couche : « vous savez, la France nous taxe énormément sur le vin. Et pourtant, nous taxons peu le vin français. Donc il y a des wineries, des gens de Californie, qui viennent me dire : "monsieur, nous payons beaucoup d’argent pour commercialiser nos vins en France, mais nous permettons aux vins français (qui sont géniaux, mais les nôtres le sont aussi) de venir pour rien. Ce n’est pas juste, et vous le savez." Nous ferons quelque chose pour le résoudre. »
Tonitruante, cette nouvelle déclaration fait soupirer dans le vignoble français. « Rien de nouveau, même si c’est amusant de voir que 10 centimes sont de lourdes taxations ! » tacle un négociant champenois (cliquer ici pour relire le fact-checking de Vitisphere sur le sujet). Cette menace n’étant pas nouvelle, des organismes professionnels vitivinicoles ont déjà affirmé leur opposition de principe à toute limitation du commerce international. Réunissant 25 membres dans le monde (Bordeaux, Californie, Champagne, Missouri, Oregon, Washington…), l’association Wine Origins Alliance a récemment envoyé un courrier au bureau du représentant américain du commerce, Robert Lighthizer, ainsi qu'à la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, pour s’opposer à toute hausse tarifaire sur les vins rapporte le Drink Business. Confirmées par les interprofessions de Bordeaux et de Champagne à Vitisphere, ces lettres ont été envoyées en anticipation de mesures et contre-mesuresde rétorsion aux subventions européennes distribuée à Airbus (et jugées illégales par l'Organisation Mondiale du Commerce). « Nous vous demandons de travailler pour réduire ou éliminer les taxes, pas les augmenter » déclarent les signataires de cette lettre, militant pour un commerce sans entraves douanières et tarifaires.
Interpelé sur le sujet lors des questions au gouvernement, ce 11 juin à l'Assemblée Nationale, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a souligné, non sans inquiétude, que dans « dans ce secteur [des vins et spiritueux], bon an mal an, nos exportations sont positives, mais la situation peut changer ». Le sénateur a ajouté « quoi qu’il en soit, entre nos deux pays, les droits d’accise ne sont pas différents, c’est absolument faux. Peut-être M. Trump a-t-il simplement voulu répondre au Président Macron, qui n’a pas souhaité donner mandat à la Commission européenne pour mener les négociations. »