irza Rohani est heureux. Après avoir fui l’Afghanistan, il a trouvé refuge en France. A 38 ans, il s’est formé à la viticulture pendant neuf mois au lycée d’Amboise et au domaine de Jacky Blot à Montlouis. Aujourd’hui, il a décroché son attestation de fin de formation et le vigneron l’a embauché pour plusieurs semaines. « Ma formation s’est très bien passée, ce n’était pas trop dur pour moi, sourit-il. J’avais déjà travaillé dans les vignes de raisins de table en Afghanistan ».
Tout comme Mirza, huit autres hommes réfugiés en France et régularisés ont bénéficié d’un programme de formation au lycée viticole d’Amboise, mise en place par la Direccte du Loir-et-Cher, avec un financement de l’Etat, en partenariat avec Pôle Emploi et l’association d’insertion Bio-Solidaire à Blois. Venant d’Afghanistan, du Soudan et d’Erythrée, ils ont appris la taille et les travaux en vert, ils ont participé aux vendanges, ils ont été initiés à la soudure et à la conduite d’engins viticoles. « Ce sont des types supers. Ils sont très observateurs, ils ont envie de travailler, ils respectent les règles », indique Thierry Hesnault, formateur au lycée. « Dès le début, ils ont montré un vrai engagement », ajoute Jérôme Delpy, salarié de l’association Bio-Solidaires.
Mirza et ses camarades de formation ont eu aussi des cours de français, ont été accompagnés en matière de logement, de mobilité. Ils ont passé sept à huit semaines, en binôme avec un autre stagiaire, chez des vignerons d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher. Des expériences concluantes. « La profession est confrontée à de grandes difficultés de recrutement et a aujourd’hui moins d’a priori envers les personnes de couleur ou de religion différente », confie Thierry Hesnault.
Trois hommes du groupe ont été embauchés en CDD sur les exploitations où ils ont été accueillis en stage. « Ils vont travailler jusqu’en juillet et seront ensuite certainement ré-engagés pour les vendanges. Trois autres vont être recrutés sous peu par d’autres vignerons », indique Jean-Pierre Genet, proviseur du lycée professionnel agricole d’Amboise. Les autres stagiaires prennent le temps de la réflexion avant de continuer ou pas en viticulture. « J’ai été très bien accueilli sur le domaine, le vigneron a été très sympa. Mais je suis plombier de formation, je ne sais pas si je vais continuer en viticulture », explique Aftab, 21 ans, venu d’Afghanistan.
Du côté du lycée viticole d’Amboise, on s’apprête déjà à former de nouveaux réfugiés. Huit personnes seront accueillies dans l’établissement et chez des vignerons à partir d’octobre prochain et jusqu’en mai 2020.