nimée dès la fin de la semaine des primeurs, et mise en suspens le temps du salon Vinexpo Bordeaux, la campagne des primeurs 2018 culmine à 250 sorties témoigne un courtier spécialisé. « Mais sauf rare exception, cette profusion de l’offre ne trouve pas de fortes demandes en face » ajoute-t-il. Malgré l’attractivité du millésime 2018, comme en témoigne la foule croisée lors des primeurs, les marchés restent frileux et le négoce ne cache pas son inquiétude. « Il y a un effet mécanique. Les tuyaux sont bouchés par les bons millésimes. Même si 2018 est plus hétérogène que prévu, toute la question est de savoir si le marché peut absorber un nouveau bon millésime. Alors que négociants comme distributeurs, nous avons tous des 2015 et 2016 en stock qui sont qualitatifs et ne se valorisent pas » témoigne un opérateur de la place de Bordeaux. « A quoi sert d’acheter des primeurs 2018 quand on peut acheter des livrables qui sont toujours au même prix trois ans après ? Pour certaines étiquettes, on peut même négocier des ristournes » renchérit le fondateur d’un site de vente en ligne.
S’il est trop tôt pour statuer sur la réussite, ou l’échec, de cette campagne de primeurs, son début a tout du rendez-vous manqué entre l’offre et la demande. Les stratégies de prix adoptées par les prix propriétés seraient à blâmer pour les négociants interrogés, avec des propriétés tenant à les fixer au niveau de 2015-2016 au nom de la qualité de 2018. Comme le rapporte Liv-Ex, le prix moyen des primeurs 2018 est jusqu’ici en baisse de 1 % par rapport à 2016 et en hausse de 11 % par rapport à 2017.
Mais cette stratégie se heurte à une atmosphère économique peut propice. Entre les incertitudes persistantes sur l’issue du Brexit et le contrôle des changes en Chine, le marché des primeurs 2018 se fait très doucement. Sauf pour quelques étiquettes qui ont tiré leur épingle du jeu. Comme le château Beychevelle, régulièrement cité comme un best-seller, ses hausses de prix étant contrebalancées par de bonnes perspectives de valorisation à terme (60 euros sortie négoce, +13 % par rapport à 2017, +6 % par rapport à 2016). « Pour la suite de la campagne, les propriétés doivent se rendre compte qu’elles se positionnent par rapport à leurs performances commerciales » conclut un négociant, non sans fatalisme.