e début avril, il y avait du monde dans les châteaux et négoces de Bordeaux pour la semaine des primeurs. « Les présentations de ce millésime 2018 ont été un bon cru, en termes de fréquentation mais aussi d’ambiance » résume Ronan Laborde, le nouveau président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux. Organisant les principaux évènements de la semaine des primeurs, l’UGCB a reçu 6 000 professionnels la première semaine d’avril, soit une hausse de 14 % par rapport à 2017. Avec 40 % de professionnels étrangers, l’Union a attiré des visiteurs du Royaume-Uni, de Chine, des États-Unis…
Un tour du monde des marchés du vin qui fait s’envoler les craintes d’un désengagement des clients du grand export, notamment nord-américains, face aux mobilisations des « gilets jaunes » (se réunissant depuis novembre chaque samedi au centre-ville de Bordeaux) et à la proximité dans le calendrier du salon Vinexpo (13-16 mai prochains). « Il y a eu beaucoup de visiteurs américains. Ils font la part des choses. Il peut y avoir un impact des gilets jaunes sur le tourisme, mais pas sur le business » confirme Frédéric Olivar, le directeur général du négoce Ballande et Méneret.


Portée par un millésime 2018 qualitatif*, l’affluence de ces primeurs serait également un signe de la retraite du critique américain Robert Parker. « Désormais il n’y a plus un gourou pour faire la pluie et le beau temps. Il faut faire le déplacement pour se faire son idée » estime Alain Reynaud, le président du Grand Cercle des Vins de Bordeaux (qui a accueilli 90 journalistes pendant la semaine des primeurs). « Les primeurs demeurent une affaire de spécialistes qui doivent venir sur place, s’ils veulent se faire une opinion sur le millésime et les vins des châteaux, en particulier » confirme Ronan Laborde.
* : Sans être pourtant exceptionnel pour de nombreux dégustateurs, qui soulignent l’hétérogénéité des cuvées selon les propriétés.