On a limité la casse, j’en suis convaincu », affirme François de L’Espinay, à la tête du Château de Nitray, à Athée-sur-Cher, dans l’Indre-et-Loire. À quatre reprises, il est intervenu avec son Viti-Protect : les 4, 13 et 14 avril, puis le 6 mai. C’est surtout le 4 avril et le 6 mai que la machine a rempli son office.
« Le 4 avril, il a fait jusqu’à -2,5 °C, rappelle François de L’Espinay. J’ai protégé une parcelle de chardonnay dont les bourgeons étaient sortis, avec une feuille étalée. Ils ont gelé. Au lever du soleil, ils se sont réchauffés doucement. Ils étaient un peu grillés à l’extérieur, mais pas au centre ».
Le 6 mai, nouvelle intervention dans la même parcelle. La température est tombée à -1,5 °C. Le lendemain, le vigneron estimait qu’au bout du compte, 20 % des bourgeons avaient gelé. « Mon père, qui a bien plus d’expérience que moi, me dit que sans protection nous aurions eu 40 % de perte », assure-t-il.


À l’aube de ce même jour, un autre Viti-Protect a tourné au Château Gaudrelle, à Rochecorbon, en appellation Vouvray. Guillaume Verneau, le chef de culture, a protégé un clos de 5,5 ha qui était au stade 5 à 6 feuilles étalées. « Il a fait -0,5 °C en haut de la parcelle et -1 °C en bas, explique-t-il. Au sol, c’était bien blanc. Mais la vigne n’a pas gelé. La protection a été efficace. Est-ce que cela aurait été le cas par -2 °C ? Je ne peux pas le dire. »
Viti-Protect est un thermonébulisateur attelé au tracteur. Il génère un épais brouillard destiné à empêcher le refroidissement de l’air au niveau du sol et à protéger les bourgeons gelés des premiers rayons brûlants du soleil. « On produit une flamme comme dans un moteur d’avion à réaction. Puis, on injecte un produit à l’intérieur et il se vaporise. C’est ainsi qu’on forme le brouillard », explique Brice Lanneau, gérant de Pulsfog France qui importe ces nébulisateurs d’Allemagne et les modifie pour la lutte antigel. Pulsfog France vend aussi le produit de lutte dénommé Fogoglio, un mélange de glycérine, d’eau et d’oligo-éléments.


Par temps de gel, on passe la machine dans les vignes pour les couvrir d’un manteau de brume. Le 4 avril, le Viti-Protect a tourné trois heures durant au Château de Nitray. « Nous avons utilisé 80 l de produit à 8,50 €/l pour protéger 10 ha d’une parcelle d’un seul tenant, explique le vigneron. Quand on est sur le tracteur, on est rapidement dans le brouillard et on ne voit plus rien. Avec cette machine, il faut être deux : un chauffeur et quelqu’un qui le guide. Il faut aussi un parcellaire regroupé car il serait impossible de protéger deux vignes à 800 m de distance, par exemple. »
Mis au point il y a deux ans, les Viti-Protect ont servi pour la première fois cette année. « Pour un premier test, les résultats sont plutôt encourageants », estime Brice Lanneau, tout en reconnaissant des difficultés. En effet, dès que le vent se lève, il emporte le brouillard, ce qui s’est produit plusieurs fois cette année. La protection devient impossible. Pour y remédier, Pulsfog prévoit de tester des buses formant un brouillard plus épais, moins sujet à la dérive.
Par ailleurs, la machine a connu des ratés. « Le 6 mai, elle a calé et cela a été compliqué de la relancer », indique François de l’Espinay. À Bordeaux, un autre vigneron a eu le même problème après être repassé dans le brouillard qu’il avait généré. Pulsfog doit se pencher sur la question. Prix du Viti-Protect : 19 990 €.