contre-courant, et la tête sous l'eau. Que ce soit en vrac ou en bouteilles, en France ou à l’export*, les vins de Bordeaux affrontent une campagne commerciale qui leur est défavorable. La filière girondine se trouve « dans un creux de vague, très difficile à vivre pour nous tous » constate Allan Sichel, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), lors de son assemblée générale du 29 avril. Les analystes de l’interprofession girondine voient dans ces difficultés le contrecoup de la récolte historiquement faible de 2017 (-39 %, suite au gel printanier). Les faibles disponibilités en volume entraînant une forte hausse des cours, fermant des marchés qui s’orientent vers d’autres approvisionnements.
Pour relancer la demande, les cours du millésime 2018 sont à la baisse en vrac, ce qui ne manque pas d’alerter la production. Si en Bordeaux rouge le cours moyen est de 1 305 euros le tonneau depuis le début de la campagne 2018-2019, le vignoble ne bruisse que des 40 00 hectolitres qui ont dernièrement été négociés à 1 000 €/tonneau. « Ces volumes sont le signe d’un manque de trésorerie de viticulteurs et de négociants. Je le comprends et je le regrette, ce n’est pas un bon prix. Mais il ne faut pas susciter la panique » réplique Allan Sichel.


Appelant à la patience, les services économiques du CIVB envisagent une reprise commerciale au deuxième semestre 2019. En se basant sur des extrapolations macroéconomiques et l’expérience du petit millésime 2013. « Il faut deux ans pour se stabiliser après une petite récolte » résume Allan Sichel. Pour le négociant, il est désormais urgent pour la filière bordelaise de se doter d’outils de prévisions de commercialisation et de pilotage de la production. Un plaidoyer pour déployer le plan Bordeaux Ambition 2025, qui vise à accoucher d’une nouvelle vague. Les surfeurs vous le diront : à Bordeaux, il est possible de remonter avec panache le courant grâce au mascaret.
* : Sur le marché domestique, « l’activité promotionnelle en magasin » est au plus bas, tandis que la demande chinoise s’est fortement rétractée, « on était sur une dynamique forte de croissance. Avec les accords de libre-échange de l’Australie et du Chili, il y a un écart de compétitivité » explique Allan Sichel. Qui précise ne pas être désespéré : « l’intérêt est, toujours là pour les vins de Bordeaux en Chine », s’appuyant sur l’attractivité du millésime 2018, visible lors de la dernière semaine des primeurs.