’est un record d’inactivité pour la place de Bordeaux. Seulement 164 421 hectolitres de vins de Bordeaux ont été échangés par contrat vrac sur les trois premiers mois de la campagne 2018-2019 rapporte le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). Soit une baisse de 50 % par rapport à l’activité de l’an passé. « C’est le plus faible niveau de transactions de la décennie. On est proche du niveau d’octobre 2014 » analyse Guillaume Briot, chargé d'études économiques au CIVB. Avec des baisses de 56 et 53 % de leurs échanges, les groupes des Bordeaux et des Saint-Émilion sont les plus touchés, rappelant le contrecoup de l’après millésime 2013.
Dans le jeu de l’offre et de la demande, les années se suivent et ne se ressemblent pas pour la place des Bordeaux. Très intense, le début de la campagne 2017-2018 anticipait le fort repli de la production 2017 (3,5 millions d’hectolitres, -39 % par rapport à 2016). L’absence de mouvements significatifs ce début de campagne 2018-2019 accompagne la perspective d’un retour à la normale de la production bordelaise (estimée à 5,6 millions hl, selon le ministère de l’Agriculture).
Faisant tourner au ralenti l’activité du vrac, cet attentisme rend difficile tout pronostic sur la suite de la campagne. Limités à 3 500 hl, les premiers échanges de Bordeaux blancs secs 2018 ne sont pas significatifs en volumes, mais affichent en octobre une valorisation de 1 309 €/hl (contre 1 232 €/hl pour les transactions concernant le millésime 2017). « Il est difficile d’en tirer des conséquences » désamorce Guillaume Briot.
S’il est trop tôt pour pronostiquer l’ampleur de la baisse des prix, tout l’enjeu pour la production est de miser sur la qualité de cette récolte 2018 pour maintenir au maximum les cours atteints avec le millésime 2017*. Ce qui pèserait trop sur l’attractivité des vins girondins, alors que la production mondiale est généreuse et les marchés affichent une compétition féroce entend-on déjà dans les négoces. Pour emporter ce jeu de patience entre viticulteurs et négociants, il est cependant plus question de solidité de trésorerie que d’aptitude à l’inactivité.
* : Il faut rappeler que la campagne précédente, les hausses ont été de +26 % pour Saint-Émilion (à 4 810 €/tonneau), +17 % pour le Bordeaux rouge (à 1 496 €/tonneau), +16 % pour les Côtes de Bordeaux rouge et le Bordeaux rosé (à respectivement 1 565 et 1 385 €/tonneau), +15 % pour Blaye Côtes de Bordeaux (à 1 635 €/tonneau), +13 % pour Côtes de Bourg (à 1 686 €/tonneau), +14 % pour le Graves blanc (à 1 850 € /tonneau)…